Niamey (Agence Fides) – Demain, Dimanche 17 mars, marquera le début du septième mois de captivité pour le Père Pierluigi Maccalli, de la Société des Missions africaines (voir Fides 17/09/2018). « C’est une éternité pour nous. Il a été pris en otage par des inconnus qui, une nuit de septembre dernier, l’ont emmené. Ils ne pensaient pas à la portée du geste qu’ils accomplissaient » raconte dans un message éploré envoyé à l’Agence Fides son confrère, le Père Mauro Armanino SMA.
« Ils ne pouvaient penser que le Père Maccalli serait devenu un témoin, dans le silence du sable du Sahel qui le conserve comme lui seul sait le faire. Six mois de vide qui déchirent les apparences, qui assiègent notre vie actuelle. Les prisonniers en réalité, c’est nous – continue le missionnaire – faussement libres de nous déplacer, de parler, d’agir et de trahir. Nous ne nous apercevons pas même que, maintenant depuis longtemps, nous sommes otages des peurs et des hypocrisies qui nous font réciter chaque jour comme si nous récitions dans une pièce de théâtre. Nous pensons être libres et pourtant, nous sommes chargés de la tentation humaine de la servitude volontaire qui nous fait aimer les chaines, les cages et les prisons. Le Père Maccalli est le seul d’entre nous à être libre : libre de faire en sorte que la vérité recommence à écrire des mots de sable sur ses journées absentes, lui, témoin de la folie et du mensonge de la violence qui, du Golgotha, ont migré au Sahel. La résurrection se trouve également dans tous les cas ici et six mois sont trois jours ou quarante ans ».
Le Père Armanino a un style émouvant et poétique pour évoquer son confrère : « de la roche coule l’eau et du sable la liberté. Les cailloux crient et le sable crie. Son silence crie alors que, trop souvent, nos vaines paroles sont réduites au silence. Jamais comme en ce moment, le Père Luigi Maccalli n’a été le seul missionnaire enseveli dans l’Evangile de sable qui, par ailleurs, est le seul compatible avec le Sahel. Les pierres ne deviennent pas du pain et les royaumes, vus d’ici, sont fugaces et trompeurs. L’essentiel est invisible pour les yeux et c’est justement pour cela que le Père Maccalli est le seul à voir la gloire qui se cache dans la pauvreté. Il n’a jamais été aussi riche que maintenant : libre et gardien du seul secret qui n’est révélé qu’aux petits. Bienheureux serez-vous lorsque vous deviendrez otages des pauvres et que vous ne sauverez personne ». (MA/AP) (Agence Fides 16/03/2019)