Astana (Agence Fides) – « Le facteur religieux pourrait, à l’avenir, prendre un rôle toujours croissant dans le processus de construction de l’identité nationale kazakhe ». C’est ce qu’observe dans le cadre d’un entretien accordé à l’Agence Fides Giannicola Saldutti,, chercheur associé près l’Institut de Hautes Etudes en Géopolitique et Sciences auxiliaires de Rome. Selon l’expert, le Kazakhstan, qui a fêté le 16 décembre le 27ème anniversaire de son indépendance suite à la dissolution de l’URSS, a besoin de conduire des politiques religieuses attentives car « le danger pourrait provenir d’une radicalisation croissante de l’islam, phénomène pour le moment conjuré par les mesures adoptées par le Président Nazarbaev, bien décidé à constituer une identité nationale fondée sur la vénération publique pour les institutions de l’Etat et sur la liberté privée de culte ».
Giannicola Saldutti remarque combien, depuis le 16 décembre 1991, le Président Nazarbaev a été occupé par la formation d’une véritable identité nationale. « Alors qu’au cours des années 1990 et du début des années 2000, la composante russe de la société kazakhe semblait avoir encore une influence notable dans les processus de prise de décision politiques intérieures, aujourd’hui, l’Etat semble s’être lancé sur le chemin de la pleine conscience du sentiment national. La décision de réformer l’alphabet kazakh pour passer du cyrillique au latin et d’apporter de notables changements dans la toponomastique de l’Etat ainsi que l’approbation d’une nouvelle doctrine militaire, concernant en particulier les zones septentrionales du pays, rendent claire la nouvelle volonté stratégique d’un pays désireux de se tailler un espace de manœuvre propre à l’intérieur de la communauté internationale ».
La croissance du Kazakhstan au cours de ses 27 ans d’indépendance a été constante, selon le chercheur. « Les conditions de l’économie de la région à la fin de 1991 étaient pour le moins préoccupantes. La transition vers l’économie de marché des pays issus de l’URSS s’est démontrée fortement traumatique, sans compter la crise sociale due à la grande variété ethnique présente. Près de trente ans plus tard, il faut reconnaître qu’Astana a réussi à conjurer les risques les plus sérieux, en constituant un Etat fort dans la région, capable de conduire une véritable politique étrangère multi vectorielle et de tisser des liens prudents et profitables avec la Russie, les Etats-Unis et la Chine ».
En ce sens, le processus de transition démocratique semble être laissé en second plan. « La figure présidentielle est imputrescible et désormais fortement ancrée dans la mentalité du peuple kazakh. Dans tous les cas, cependant, pour évaluer la situation politique d’ensemble, il faut tenir compte de l’histoire politique du pays et des habitudes politiques locales, fortement enracinées dans un monde d’origine nomade comme celui des steppes eurasiatiques. Très probablement, la démocratisation du Kazakhstan reprendra seulement grâce à une nouvelle génération d’hommes politiques, capables de parachever la transition en ayant fait l’expérience de scénarios politiques internationaux différents de ceux de l’URSS ».
Selon des données officielles du Ministère des Affaires étrangères kazakh, sur une population totale de 17 millions d’habitants, 70% sont musulmans et 26% chrétiens dont 1% catholiques. (LF) (Agence Fides 03/01/2019)