Harare (Agence Fides) – « Jusqu’à présent, le changement à la tête de l’Etat n’a pas comporté de bénéfices économiques tangibles » affirme un rapport sur le Zimbabwe rédigé par le Dennis Hurley Peace Institute (DHPI), Institut promu par la Conférence épiscopale catholique d’Afrique australe (SACBC), quelques mois après la démission du « père de la patrie », le Président Robert Mugabe, remplacé en tant que Chef de l’Etat par intérim par son Vice-président, Emmerson Mnangagwa (voir Fides 24/11/2017).
Le rapport est basé sur des rencontres réalisées par une délégation du DHPI avec les Eglises locales et en particulier avec les Commissions Justice et Paix des différents Diocèses du pays.
Le cadre économique, ruiné par des années de politiques publiques inconsistantes de l’ancien Président, est encore fortement compromis. « La valeur du dollar zimbabwéen est encore en baisse. Des sources de l’Eglise affirment que le chômage pourrait avoir atteint un taux compris entre 80 et 90% de la population active bien que le gouvernement nie ces données, parce qu’il compte les vendeurs de rue comme des travailleurs autonomes et par suite comme n’étant pas au chômage. On affirme que le gouvernement est le seul employeur » indique le rapport.
Cependant, même dans la fonction publique, la situation n’est pas rose. Dans divers établissements publics et bureaux, les fonctionnaires et salariés du secteur public ne sont pas payés depuis des mois. Dans le cas de la Hwange Collieries, les salaires ne sont pas versés depuis deux ans. Aux salariés dépendant du Conseil municipal de Gwanda, ont récemment été assignés de petits lopins de terre en lieu et place des salaires. Alors que la délégation du DHPI se trouvait au Zimbabwe, les infirmières des structures sanitaires publiques étaient en grève et par la suite ont démissionné en masse. « A Gweru, la troisième ville du pays, nous sommes allés en voiture dans la grande zone industrielle de la vie. Pas une seule usine n’était opérationnelle. Tout semblait abandonné depuis longtemps » affirment les auteurs du rapport.
Les prix ont encore augmenté. Dans les supermarchés d’Harare, les biens de base sont vendus à près de trois fois leur prix en Afrique du Sud. Les nouveaux responsables du pays affrontent actuellement les problèmes. Les affiches électorales du ZANU PF affirment que « le Zimbabwe est ouvert aux entreprises » et qu’il entend « recommencer à s’engager avec la communauté mondiale » après des années d’isolement imposées par le régime de Mugabe. Pour tenter d’attirer des investisseurs étrangers, le gouvernement évoque l’abrogation de la loi dite d’indigénisation qui impose que toutes les entreprises soient majoritairement sous le contrôle d’un ou plusieurs citoyens du Zimbabwe. Les seuls secteurs dans lesquels sera encore appliquée cette clause seront l’extraction de platine et des diamants.
En juillet auront lieu les élections présidentielles et législatives qui devraient marquer le tournant démocratique définitif du pays. Sur ce scrutin plane l’ombre du tribalisme surtout parce que le Président par intérim, Emmerson Mnangagwa, est considéré comme impliqué dans les massacres intervenus dans la région du Matabeleland entre 1983 et 1987, lesquels auraient fait au moins 30.000 morts.
L’Eglise est engagée dans la promotion de la pacification des esprits et en faveur de la prise de conscience de l’importance de ce vote, surtout au travers des Commissions Justice et Paix créées récemment dans différentes Paroisses. (L.M.) (Agence Fides 28/04/2018)