N’Djamena (Agence Fides) – « Il faut un référendum pour changer la Constitution ». C’est ce qu’affirme les Evêques du Tchad dans une déclaration parvenue à l’Agence Fides et publiée au terme de leur Assemblée plénière.
Le 30 avril, l’Assemblée nationale tchadienne devra voter l’adoption du projet de révision de la Constitution, boycotté par l’opposition mais approuvé par le Conseil des Ministres le 10 avril. Parmi les points ayant suscité des controverses se trouvent la prorogation du mandat présidentiel de 5 à 6 ans et l’extension des pouvoirs du Chef de l’Etat. L’opposition affirme que la nouvelle Constitution sert surtout à perpétuer le pouvoir du Président, Idriss Déby Itno. Ce dernier en revanche affirme que la mise en place d’une IV° République permettra d’affronter de manière efficace les problèmes du pays.
Les Evêques expriment « leur préoccupation pour la manière dont se déroule le processus de création de la IV° République du Tchad. Ce processus, comme nombre le craignent, risque de fausser gravement les règles du jeu démocratique, parce qu’il comporte en son sein le germe de la division entre les citoyens ».
La Conférence épiscopale tchadienne donne crédit à ceux qui indiquent que le thème de la IV° République n’a pas du tout été débattu au sein de la population. « Outre les divergences au sein du monde politique, nous remarquons qu’une grande partie de la population ignore totalement ce qui se passe en ce moment. Un changement fondamental de cette nature devrait être réalisé dans le respect de la Constitution qui, en son article 224, indique que « la révision de la Constitution est approuvée par un référendum ».
Les Evêques se déclarent contraires à la pratique de la Diya, la réparation des crimes de sang prévue par la charia, dans la mesure où « elle compromet la paix sociale et les efforts fait pour restaurer l’Etat de droit, ruinant l’économie des communautés ». « C’est pourquoi – affirment les Evêques – nous demandons aux autorités compétentes à ce que la pratique ne soit pas imposée à une communauté qui ne la connaît pas dans sa praxis ainsi qu’aux communautés qui la connaissent déjà, de manière à ce que son application soit étroitement réglementée ». Les Evêques appellent de leurs vœux le renforcement du système judiciaire de l’Etat et l’abolition des accords intercommunautaires en vue de l’application de la Diya « dans la mesure où elle a provoqué des tensions entre les différentes communautés ».
« Travaillez pour la paix sans oublier la population » concluent les Evêques en s’adressant aux responsables politiques, administratifs, sociaux et religieux du pays. (L.M.) (Agence Fides 26/04/2018)