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Almaty (Agence Fides) – Tradition, œcuménisme et multiculturalisme sont les mots qui caractérisent le Noël de la communauté catholique du Kazakhstan. C’est le Père Luca Baino OFM, missionnaire dans le Diocèse d’Almaty, qui le raconte à l’Agence Fides : « Dans les steppes d’Asie centrale également, les catholiques profitent du temps de l’Avent pour se préparer à rencontrer l’Enfant Jésus qui naît dans la pauvreté de Bethléem pour sauver le monde. Ce qui est différent ici, est le monde qui nous entoure, absolument ignorant de tout cela. Au début, c’est presque traumatisant de le constater pour nous occidentaux, qui avons grandi dans un contexte où tout parle de Noël, même pour les non croyants. Pour la population locale, en revanche, l’arrivée de la nouvelle année est beaucoup plus fortement ressentie. Par respect pour les différentes cultures présentes, nous le célébrons plusieurs fois. Le 16 février, par exemple, nous fêterons également le nouvel an chinois ».
De Noël, tel qu’il est vécu en Europe, demeure, dans la tradition kazakhe, la figure de Saint Nicolas. « Dans tous les instituts de formation pour enfants et jeunes, a habituellement lieu une fête au cours de laquelle on assiste à l’arrivée de « Baba Iga », qui représente le mal par opposition au bien, représenté par Grand-Père Gel et sa petite-fille Flocon de neige. Les deux personnages positifs remportent la victoire sur le personnage négatif et expliquent aux enfants pourquoi il faut être bons avec tous. Durant le régime soviétique, était interdite toute expression de type religieux et par suite les chrétiens – surtout orthodoxes et catholiques – ont associé à la tradition locale d'origine soviétique celle de Saint Nicolas, qui apporte des cadeaux aux enfants, image que nous reprenons aujourd’hui dans nos Paroisses ». La figure de Saint Nicolas, Evêque dont dérive celle du Père Noël, reporte alors à la dimension chrétienne de la fête.
Le Père Baino explique ensuite que la pratique de s’échanger des vœux et de participer aux liturgies respectives est fréquente entre catholiques et orthodoxes. « A Taldykorgan, par exemple, grâce aux bons rapports existants, chaque année, les jeunes des communautés luthérienne, évangélique et les orthodoxes participent à la Messe nocturne avec nous catholiques. De même, généralement, je participe moi-même, avec quelques paroissiens, à la célébration orthodoxe ». Cette habitude est répandue non seulement entre chrétiens de différentes confessions : « La chose peut-être la plus intéressante est que les voisins musulmans également, en nous rencontrant, nous présentent volontiers leurs vœux et qu’il n’est pas rare qu’ils demandent à pouvoir visiter la crèche. Cela devient une excellente occasion pour dire quelques mots sur Jésus et sur notre foi. A Taldykorgan, près du petit oratoire, nous préparons une crèche en plein air, illuminée également de nuit de manière à ce que les passants puissent la voir ».
Au Kazakhstan, la petite minorité catholique compte 150.000 fidèles soit moins de 1% de la population totale, qui est quant à elle à 67,8% musulmane. Les chrétiens constituent, au total, toutes confessions confondues, 26,5% des habitants du pays. (LF) (Agence Fides 24/12/2017)