Marawi (Agence Fides) – « Aujourd’hui, nous nourrissons des sentiments contrastants. Nous sommes heureux suite à la fin du conflit à Marawi, en ce qu’elle ouvre une nouvelle ère d’espérance mais nous sommes aussi en deuil pour la mort de deux étudiants catholiques qui avaient été pris en otage et sont morts pendant leur captivité, au cours de bombardements aériens sur la ville. Trois femmes catholiques, capturées en compagnie du Père Soganub alors qu’elles se trouvaient dans la Cathédrale, ont été libérées et sont saines et sauves. Nous penserons maintenant à la reconstruction de la Cathédrale mais surtout à celle, physique, psychologique et spirituelle, de notre communauté catholique. Les vies des fidèles ont été bouleversées. Les familles ont évacué. Elles doivent reconstruire les maisons et récupérer des moyens de subsistance. Nous irons à la recherche de nos 2.000 catholiques de Marawi, afin de les aider à organiser leur retour dans la ville afin qu’ils reprennent le cours de leur vie ». C’est ce que déclare à l’Agence Fides S.Exc. Mgr Edwin de la Pena, Evêque de la Prélature apostolique de Marawi, au lendemain de la fin du siège ayant permis à l’armée philippine de venir à bout de 800 djihadistes qui avaient envahi la ville le 23 mai dernier, provoquant la fuite et l’évacuation de plus de 200.000 personnes.
Ces jours derniers, l’Evêque a rencontré la famille de Sam Mangumpit, l’un des deux étudiants catholiques ayant perdu la vie à Marawi. « J’ai vu des personnes d’une très grande foi et ayant véritablement un esprit de résistance qui est fruit de la force de l’Esprit du Christ ressuscité » raconte l’Evêque à Fides. En regardant « le bien que Dieu sait tirer même du mal », Mgr De la Pena remarque : « la guerre a généré une très forte mobilisation de bonne volonté, de soutien et de solidarité à notre égard, aux Philippines et à l’étranger. Je crois que la Cathédrale sera reconstruite grâce à des fonds et des contributions locaux. Le gouvernement nous avait lui aussi inclus au nombre des bénéficiaires des fonds pour la reconstruction, mais je crois que nous n’en aurons pas besoin pour la Cathédrale ».
« Je suis heureux et très fortement encouragé – ajoute l’Evêque – par les initiatives de nombreuses organisations qui s’activent actuellement afin de recueillir les fonds nécessaires en vue de la difficile mission consistant à reconstruire Marawi à partir de ses ruines et surtout de reconstruire la vie de la communauté. Nous désirons tous contribuer aujourd’hui à édifier une paix durable. Après cette expérience de partage de la souffrance, le lien d’amitié, de solidarité et de soutien réciproque entre musulmans et chrétiens de Marawi, s’est notablement renforcé. Ceci est un signe d’espérance ».
Si, après cinq mois exactement, le 23 octobre, le gouvernement philippin a déclaré officiellement la fin des affrontements armés avec les militants islamiques à Marawi, il n’en reste pas moins que « l’extrémisme islamique demeure une menace à Mindanao » a déclaré S.Em. le Cardinal Orlando Quevedo, Archevêque de Cotabato. « Il n’est pas exclu que les militants puissent attaquer ou penser à construire un Califat dans d’autres zones de Mindanao » a déclaré le Cardinal au terme d’une récente assemblée des responsables catholiques de Mindanao tenue à Davao. Des groupes djihadistes tels que les Bangsamoro Islamic Freedom Fighters et Abu Sayyaf, qui ont prêté serment de fidélité au prétendu « Etat islamique », continuent à recruter des jeunes dans la région, a-t-il signalé. C’est pourquoi le gouvernement « doit continuer à être vigilant en ce qui concerne le terrorisme et la violence » a-t-il ajouté.
Lors de leur assemblée, les Evêques ont également discuté de la loi martiale, en vigueur sur l’ensemble du territoire de l’île de Mindanao et, ainsi que l’a déclaré le Carcinal, ils n’ont pas demandé au Président Duterte de la suspendre. « Une grande peur est présente au sein des communautés catholiques. Nous savons que la loi martiale ne constitue pas un instrument permettant de combattre le terrorisme et que cette mesure doit être temporaire. Cependant, pour l’heure, aucun fait ou abus n’a été signalé qui pourrait pousser à en demander la suspension immédiate » a conclu le Cardinal Quevedo. (PA) (Agence Fides 25/10/2017)