Monrovia (Agence Fides)- D’où viennent les appuis aux factions qui s’affrontent au Liberia ? D’après un rapport récent de l’International Crisis Group (ICG), le LURD (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie), le principal mouvement de guérilla libérien, reçoit une aide de la Guinée. Le mouvement libérien a en effet sa principale base arrière dans la ville guinéenne de Macenta, et le leadership du LURD se trouve à Conakry, la capitale de la Guinée.
D’après l’ICG, la Guinée fournit des armes, ou du moins favorise le transit des chargements militaires destinés au mouvement rebelle libérien. Les autorités de Guinée permettent aussi que le LURD recrute de force des réfugiés libériens accueillis dans les camps guinéens.
D’autres observateurs soutiennent qu’une des raisons de l’appui de Conakry au LURD est dû au fait que la Guinée est utilisée indirectement par Washington pour déstabiliser le gouvernement du président libérien Charles Taylor. La Guinée reçoit en effet une aide militaire de Washington, dont une partie pourrait être transférée aux rebelles libériens.
Le LURD a d’ailleurs aussi des liens directs avec les États-Unis. Ce mouvement reçoit en effet le soutien financier de la diaspora libérienne qui vit aux États-Unis. Le LURD est divisé par affiliations ethniques, entre Krahn et Mandingo. À la suite de dissensions d’origine ethnique, certains membres du LURD ont fondé le MODEL (Mouvement démocratique du Liberia), composé en grande partie de Krahn. Le MODEL reçoit le soutien de la Côte d’Ivoire qui, ce faisant, cherche à contrebalancer le soutien fourni par Taylor aux mouvements de rebelles ivoiriens qui agissent à la frontière entre les deux pays.
Le président Taylor, qui a longtemps financé les groupes de rebelles des pays voisins, est donc de plus en plus isolé, surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Washington considère en effet avec une hostilité croissante les liens que Taylor entretient avec les représentants des mafias internationales, liés à leur tour aux milieux de l’extrémisme islamique. D’autres sources soutiennent qu’il y aurait parmi eux un ancien fonctionnaire du KGB soviétique, devenu un des principaux trafiquants d’armes internationaux. Ce personnage, qui a divers intérêts au Liberia, est accusé d’avoir fourni autrefois des armes au régime des talibans en Afghanistan. Selon les services secrets américains, en outre, le réseau terroriste d’Osama Ben Laden utilise le Liberia pour mener ses activités d’autofinancement à travers le trafic des diamants.
Les espoirs de paix reposent maintenant sur la médiation d’une délégation de la Communauté économique d’Afrique occidentale, attendue pour aujourd’hui à Monrovia. La tâche de cette délégation sera de convaincre Taylor de tenir sa promesse de quitter le pays et de préparer l’arrivée d’une force de paix africaine. Un premier contingent de troupes nigériennes devrait arriver lundi 4 août. (L.M.) (Agence Fides 1/8/2002)