Londres (Agence Fides) – Si les révolutions ayant débuté avec le « printemps arabe » tournent mal, les minorités ethniques et religieuses présentes au Moyen-Orient se trouveront en grave danger. C’est ce qui ressort du nouveau rapport « Peuples en danger » que vient de publier l’ONG Minority Rights Group (MRG), dédié en particulier à la situation des minorités au Moyen-Orient et qui a été envoyé à l’Agence Fides. « Si 2011 restera dans les esprits l’année du printemps arabe, 2012 pourrait devenir l’année des révolutions aigries » déclare dans une note envoyée à l’Agence Fides Mark Lattimer, Directeur exécutif de MRG. « Les grands changements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord font croître les espoirs de démocratisation mais représentent dans le même temps pour les minorités ethniques et religieuses un événement aussi dangereux que la violente désagrégation de l’Union soviétique ou de la Yougoslavie », prévient-il.
Le Rapport remarque que la Syrie, la Libye, l’Egypte, le Yémen et le Soudan du Sud sont parmi les Etats dans lesquels les communautés minoritaires risquent le plus d’homicides de masse. Dès que s’ouvre un espace politique et que la liberté se présente, des revendications ethniques et sectaires sont exacerbées et, dans un tel contexte, « les minorités constituent souvent un bouc émissaire » explique MRG.
En Syrie, où le gouvernement est dominé par les alaouites, les communautés chiites et alaouites seront en danger en cas d’intensification du conflit alors que les chrétiens sont fortement préoccupés du fait de possibles attaques de militants sunnites.
En Libye, d’anciens rebelles continuent à détenir plus de 6.000 personnes arrêtées au cours et après le conflit. Détenues sans inculpation ni procès, elles sont constituées pour moitié de migrants sub-sahariens ou de libyens noirs, nombre desquels ont été torturés à mort.
En Egypte, remarque le Rapport, on signale le départ croissant de chrétiens coptes suite à des intimidations et à des attaques contre les églises. Le succès politique des Frères musulmans et des partis salafistes est considéré avec préoccupation y compris par d’autres minorités religieuses, telles que les chiites et les bahaïs.
Au Yémen, aux affrontements entre tribus sunnites et al-houthi viennent s’ajouter les protestations de milliers de manifestants de la communauté akhdam, qui se dit victime de marginalisation et de racisme.
En outre, d’importants dangers sont identifiés au Soudan du Sud où s’est développée une violence intercommunautaire sur une vaste échelle dans la zone de Jonglei, violence qui intéresse environ 120.000 personnes alors qu’au cours de ces derniers mois, des milliers de réfugiés du Soudan ont fui au Soudan du Sud suite aux bombardements de l’aviation soudanaise qui ont intéressé les communautés habitant les monts Nuba ou la zone du Nil Bleu.
« Les différences ethniques et religieuses entre musulmans et non musulmans, entre arabes et non arabes, sont toutes des expressions d’une diversité interne, souvent sous-évaluée au Moyen-Orient et qui pourraient devenir des caractéristiques déterminantes pour le déclenchement d’homicides de masse » indique Mark Lattimer. (PA) (Agence Fides 25/05/2012)