Rome (Agence Fides) – Jean, chapitre 15°:
4. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s'il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
5. Je suis la vigne ; vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire.
6. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche ; on les ramasse et on les jette au feu et ils brûlent.
7. Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et vous l'aurez.
8. C'est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit et deveniez mes disciples.
Dans ce passage évangélique, Jésus révèle se secret de la vie intérieure, de la fécondité authentique d’une âme : « demeurer en Lui ». Il invite sans cesse à « demeurer », un verbe qui revient des dizaines de foi dans l’Evangile de Jean. Jésus nous fait comprendre que pour « rester » en Lui, il est nécessaire aussi que ses paroles demeurent en nous
Ses paroles restent dans notre cœur, dans la mesure où nous savons les vivre en en témoignant par notre vie. Ce n’est une exercice mnémotechnique ce que Jésus nous demande, mais un exercice de vie ! Si nous vivons ce qu’il nous dit, nous demeurerons en Lui, et sa vie se développera en nous, en nous tenant liés à l’Evangile, comme un sarment est lié à la vigne. La Parole du Seigneur ne sera pas seulement écoutée, mais elle entrera dans notre existence pour la changer. Il ne doit pas y avoir d’incohérence entre la foi et la vie, entre la parole crue et la parole vécue, sous peine de voir l’éloignement de Jésus, et nous resterons alors seuls avec notre « moi » et nos désirs et volontés.
Parmi les paroles que Jésus nous a transmises, testament de son amour pour nous, et porteuse de vie surnaturelle si elles sont vécues, il y a cette Parole prononcée du haut de la Croix, le Vendredi Saint, lors des toutes dernières heures de sa vie terrestre : « Voici ta Mère » (Jean 19, 27)
Cette Parole, comment bien souvent répétée par le Serviteur de Dieu Jean Paul II, nous pouvons l’accueillir, de manière particulière en ce Mois de Mai consacré, depuis une longue tradition, à la Mère de Dieu. Ce 13 mai, précisément, on rappelle la fête de la Très-Sainte Vierge, Notre-Dame de Fatima, le jour de sa première apparition en ce lieu, qui est devenu, comme de grands autres sanctuaires mariaux, la représentation d’une parole de consécration.
Le Pape Jean Paul II, dans une homélie inoubliable au Sanctuaire de Fatima, un an exactement après l’attentat dont il avait victime Place Saint-Pierre, nous éclaira sur le mystère de la Maternité spirituelle de Marie, que révèle cette parole. Il en expliquait la signification profonde, en mettant en relation la Maternité de Marie avec la Puissance du Saint-Esprit.
« Depuis le temps où Jésus, en mourant sur la Croix, à dit à Jean « Voici ta Mère » ; depuis le temps où ‘le disciple la prit chez lui’, le mystère de la Maternité spirituelle de Marie a eu son accomplissement dans l’histoire avec une ampleur dans limites… Maternité veut dire sollicitude pour la vie du fils. Or donc, si Marie est mère de tous les hommes, son empressement pour la vie de l’homme est de portée universelle. L’empressement d’une mère embrasse l’homme tout entier. La maternité de Marie commence par sa sollicitude maternelle pour le Christ. Dans le Christ, au pied de la Croix, elle a accepté Jean, et elle a accepté tout homme et tout l’homme. Marie les embrasse tous avec une sollicitude particulière dans l’Esprit Saint. C’est Lui, en effet, comme nous le professons dans le ‘Credo, celui qui ‘donne la vie’. C’est Lui qui donne la plénitude de la vie ouverte vers l’éternité. La maternité de Marie est donc une participation à la puissance de l’Esprit Saint, de celui qui ‘donne la vie’. Elle est en même temps l’humble service de celle qui dot d’elle même : ‘Voici la servante du Seigneur’ (Luc 1, 38) » (Jean Paul II, homélie à Fatima, 13 mai 1982).
Pour être de vrais disciples du Christ, nos devons accomplir chacune de ses paroles, jusqu’à la dernière, « voici ta Mère ». C’est l’une parmi les paroles les plus faciles à vivre, où il est requis l’effort le plus petit, celui de se « confier » à Marie, de faire en sorte que notre cœur soit comme attiré naturellement par le sien, comme dans un mouvement spontané, semblable à celui d’un enfant envers sa propre Mère. Ce « mouvement » remonte aux origines de notre existence humaine qui a commencé précisément dans le sein de notre Mère. Nous nous y sommes retrouvés, liés par un lien vital, inséparable, avec la maternité. Même après avoir coupé le cordon ombilical, il en reste un autre bien plus profond qui ne peut être coupé, mais qui lie le cœur de manière inséparable à la figure de la Maman.
Le lien avec notre propre Mère coule de source, et pour cela, il n’est pas difficile d’établir avec le Mère de toutes les mères, un lien surnaturel analogue au lien naturel que nous vivons avec notre Mère.
Qui peut dire qu’il n’a pas besoin d’une Mère, et plus encore de cette Mère ! « Voici ta Mère », petits ou grands, dans la joie ou dans la peine, pour avoir cherché, ou pour l’avoir découvert « par hasard », ce lien avec Marie nous fait goûter, pas à pas, toute la tendresse, toute la protection, toute la sollicitude, dont cette Mère est capable pour chacun d’entre nous. Ce n’est pas seulement le prêtre qui expérimente, s’il se consacre à Marie, combien sa vie est envahie par ce soin maternel pour lui, mais chaque chrétien aussi, qui aime le Sainte Vierge, le sait par expérience, comme l’exprimait Saint Bernard en priant la Sainte Vierge dans la prière du « Souveniez-vous » (« Memorare ») : « On a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, ait été abandonné de vous… » (Saint Bernard, « Memorare »)
(Agence Fides, 13 mai 2009)