VATICAN - Le Pape souligne aux Evêques de Turquie l’importance d’un engagement commun entre chrétiens et musulmans : « Il est donc très important que chrétiens et musulmans puissent s’engager ensemble pour l’homme, pour la vie, ainsi que pour la paix et la justice. Par ailleurs, la distinction entre la sphère civile et la sphère religieuse est certainement une valeur qui doit être protégée. »

mardi, 3 février 2009

Rome (Agence Fides) – Lors de la visite “ad limina des Evêques de Turquie, reçus en audience le 2 février, le Pape Benoît XVI a notamment déclaré :
« Votre visite, qui se déroule providentiellement en cette année consacrée à saint Paul, prend une importance particulière pour vous qui êtes les Pasteurs de l’Église catholique en Turquie, cette terre où est né l’Apôtre des Nations et où il a fondé plusieurs communautés. Comme je l’ai déclaré dans la Basilique où se trouve sa tombe, j’ai voulu promulguer cette année paulinienne « pour écouter et pour apprendre à présent de lui, qui est notre maître, ‘la foi et la vérité’, dans lesquelles sont enracinées les raisons de l’unité parmi les disciples du Christ » (Basilique Saint-Paul hors-les-Murs, 28 juin 2008). Je sais que dans votre pays, vous avez voulu donner un éclat particulier à cette année jubilaire et que de nombreux pèlerins visitent les lieux chers à la tradition chrétienne. Je souhaite que l’accès à ces lieux significatifs pour la foi chrétienne, ainsi que la célébration du culte, soient toujours mieux facilités aux pèlerins. Par ailleurs, je me réjouis vivement de la dimension œcuménique qui a été donnée à cette année paulinienne, manifestant ainsi l’importance de cette initiative pour les autres Églises et communautés chrétiennes. Puisse cette année permettre de nouveaux progrès sur le chemin vers l’unité de tous les chrétiens ».
Après avoir rappelé la longue et riche histoire des Eglises locales de Turquie, qui remonte aux première communautés chrétiennes, le Saint-Père a jouté :
« Et je voudrais encore faire mémoire de tous les chrétiens, prêtres et laïcs, qui ont témoigné de la charité du Christ, parfois jusqu’au don suprême de leur vie, comme le Père Andrea Santoro. Que cette histoire prestigieuse soit pour vos communautés, dont je connais la vigueur de la foi et l’abnégation dans les épreuves, non seulement le souvenir d’un passé glorieux, mais un encouragement à poursuivre généreusement sur la voie tracée, en témoignant parmi leurs frères de l’amour de Dieu pour tout homme ».
Le Pape Benoît XVI a rappelé l’expression définitive du Credo donnée par les Conciles de Nicée et de Constantinople, et a jouté : « Que ce soit pour vous et pour vos fidèles, une incitation pressante à approfondir la foi de l’Église et à vivre avec toujours plus d’ardeur de l’espérance qui en découle. Le peuple de Dieu trouvera un soutien efficace à sa foi et à son espérance dans une authentique communion ecclésiale ».
Puis le Saint-Père rappela que les Evêques étaient les premiers responsables de la réalisation concrète de l’unité de la communauté, et parla de la communion qui devait régner entre eux, dans la diversité des rites : « La profonde communion qui doit régner entre eux, dans la diversité des rites, s’exprime notamment par une réelle fraternité et une collaboration mutuelle qui leur permet d’accomplir leur ministère dans un esprit collégial et de renforcer l’unité du Corps du Christ. Cette unité trouve une source vitale dans la Parole de Dieu, dont le récent Synode des Évêques a remis en lumière l’importance dans la vie et dans la mission de l’Église ». Puis, il les invita à former les fidèles « afin que la sainte Écriture ne soit pas une Parole du passé, mais qu’elle éclaire leur existence et leur ouvre un authentique accès à Dieu ».
Le Saint-Père adressa un encouragement particulier aux prêtres et aux religieux qui, provenant de nombreux Pays, doivent affronter une tâche souvent éprouvante pour s’insérer dans les réalités de l’Eglise locale, « afin de pouvoir donner à tous les membres de la communauté catholique l’attention pastorale nécessaire, sans oublier les personnes les plus faibles et les plus isolées ». Puis, à propos des prêtres, il ajouta : « Le petit nombre de prêtres, souvent insuffisant pour l’étendue du travail, ne peut que vous inciter à développer une vigoureuse pastorale des vocations ».
Le Pape Benoît XVI aborda ensuite le problème de la pastorale des jeunes et le travail nécessaire qui doit être réalisé à leur égard : « La pastorale des jeunes est l’une de vos préoccupations majeures. Il est en effet important qu’ils puissent acquérir une formation chrétienne qui les aide à consolider leur foi et à la vivre dans un contexte souvent difficile. Dans la même perspective, la formation des laïcs doit aussi leur permettre d’assumer avec compétence et efficacité les responsabilités qui leur sont demandées au sein de l’Église ».
En conclusion de son discours, le Saint-Père déclara :
« La communauté chrétienne de votre pays vit dans une nation régie par une Constitution qui affirme la laïcité de l’État, mais dont la plus grande partie des habitants est musulmane. Il est donc très important que chrétiens et musulmans puissent s’engager ensemble pour l’homme, pour la vie, ainsi que pour la paix et la justice. Par ailleurs, la distinction entre la sphère civile et la sphère religieuse est certainement une valeur qui doit être protégée. Toutefois, dans ce cadre, il revient à l’État d’assurer de manière effective aux citoyens et aux communautés religieuses la liberté de culte et la liberté religieuse, rendant inacceptable toute violence à l’égard des croyants, quelle qu’en soit la religion. Dans ce contexte, je connais votre désir et votre disponibilité pour un dialogue sincère avec les Autorités, afin de trouver une solution aux différents problèmes qui se posent à vos communautés, dont celui de la reconnaissance juridique de l’Église catholique et de ses biens. Une telle reconnaissance ne peut qu’avoir des conséquences positives pour tous. Il est à souhaiter que des contacts permanents puissent être établis, par exemple par l’intermédiaire d’une Commission bilatérale, pour étudier les questions qui ne sont pas encore résolues ». (S.L.)
(Agence Fides, 3 février 2009)


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