AFRIQUE/RD CONGO - Le mystère de la destitution du responsable rebelle Nkunda

mercredi, 7 janvier 2009

Kinshasa (Agence Fides) - L'annonce de la destitution de Laurent Nkunda qui était à la tête du Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP), le mouvement de guérilla qui a provoqué une guerre sanglante dans le nord Kivu (est de la République Démocratique du Congo), suscite différentes interrogations.
Selon un communiqué du CNDP, le chef d’Etat major des rebelles, le général Bosco Ntaganda, aurait “déposé” Nkunda, l’accusant d’être un responsable incapable. Mais selon d’autres sources, le CNDP aurait démenti le communiqué, affirmant que Nkunda est encore responsable du mouvement.
Les observateurs de la question congolaise avancent plusieurs hypothèses sur la situation. Selon le journal congolais “Le Potentiel”, l’annonce du remplacement de Nkunda n’est qu’une manœuvre dilatoire et de désinformation de la part du CNDP pour gagner du temps pendant les négociations en cours à Nairobi (qui ont repris le 7 janvier), entre les représentants de la guérilla et ceux du gouvernement de Kinshasa pour mettre fin à la guerre dans le nord Kivu. Comme preuve de ses propos, l’éditorialiste du journal congolais rappelle que le CNDP a multiplié ses requêtes à la table des négociations et a récemment accusé la MONUC (Mission des Nations Unies au Congo) de partialité. Ce ne sont des manœuvres dilatoires, selon “Le Potentiel”, pour gagner du temps et obtenir des choses à la table des négociations.
Pour d’autres commentateurs, Nkunda serait tombé en disgrâce auprès de son soutien principal, le Rwanda, qui ne le considère pas assez fiable ni présentable face à la communauté internationale, à cause des massacres de civils congolais dont il est accusé. Son successeur aussi, Ntaganda, est recherché par la Cour pénale internationale pour avoir enrôlé des enfants en 2002-2003, dans la province de l’Ituri (dans l’est du pays). Avant de s’unir au CNDP, Ntaganda a en effet travaillé en Ituri avec Thomas Lubanga, un autre criminel de guerre, alors que différentes armées se disputaient le contrôle de la province. Il s’est par la suite uni au mouvement de Nkunda, dans lequel il est devenu numéro deux. Il représente l’aile dure des rebelles et n’aurait rien à perdre à continuer le conflit, parce qu’il est déjà recherché par la Cour pénale internationale. Selon certains observateurs, il aurait été payé par le gouvernement de Kinshasa pour diviser et affaiblir le mouvement. Une thèse qui laisse la plus grande partie des commentateurs sceptiques.
Ce qui est certain, c’est que dans l’est du Congo, une partie complexe est en train de se jouer, dans laquelle des joueurs locaux et internationaux (ces derniers restent souvent cachés) interviennent, et dont les enjeux sont les immenses ressources naturelles de la région. Parmi les acteurs, il y a aussi l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), le mouvement de guérilla actif dans le nord de l’Ouganda depuis plus de 20 ans et qui évolue depuis quelque temps entre Ouganda septentrionale, le sud du Soudan, l’est du Congo et la République Centrafricaine. Malgré la poursuite conduite par 3 Etats africains (cf. Fides), les miliciens de la LRA semblent imprenables et continuent à massacrer des civils innocents, comme cela est récemment arrivé dans certains villages congolais. (L.M.) (Agence Fides 7/1/2009 36 lignes 509 mots)


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