ASIE/INDE - Le Premier ministre Narendra Modi rencontre le Pape François et l'invite à se rendre en Inde

lundi, 17 juin 2024 droits fondamentaux   minorités religieuses   françois  

New Delhi (Agence Fides) - "J'ai rencontré le Pape François en marge du sommet du G7. J'admire son engagement à servir les gens et à améliorer notre planète. Je l'ai également invité à visiter l'Inde", a déclaré le Premier ministre indien Narendra Modi, nouvellement élu pour un troisième mandat consécutif, sur ses canaux de communication officiels. Modi avait déjà rencontré le Pape François en 2021 au Vatican, et cette nouvelle rencontre, immortalisée par les médias du monde entier, a eu un puissant écho dans les médias et l'opinion publique indiens.
Les journaux et les chaînes de télévision indiens ont rendu compte du discours du Pape François au sommet du G7, soulignant comment il a exhorté les dirigeants des démocraties et des pays les plus industrialisés à garder la dignité humaine au premier plan dans le développement et l'utilisation de l'intelligence artificielle, une question qui interpelle fortement la nation indienne.
Les réactions à la nouvelle rencontre personnelle entre le Pape et Modi ont été mitigées. Les représentants de la communauté catholique indienne ont exprimé leur optimisme et espéré qu'après la rencontre, les chances d'une visite du Pape dans le pays augmenteraient, espérant que la rencontre aurait un impact positif sur les relations entre l'Inde et le Saint-Siège.
Cependant, comme l'ont rapporté certains journaux, certains dirigeants politiques hindous du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti de Modi, n'ont pas apprécié le fait que Modi ait serré la main et même embrassé le chef de l'Église catholique : dans onze États indiens, dont la plupart sont gouvernés par le BJP, il existe ce que l'on appelle des "lois anti-conversion", des réglementations qui soumettent la possibilité de conversion religieuse d'une personne à l'examen d'un tribunal, ce qui porte atteinte à la liberté de conscience. Ces lois sont principalement destinées à contrer les activités des chrétiens, qui sont considérées comme du "prosélytisme".
D'autres politiciens de l'opposition ont alors rappelé que Narendra Modi avait récemment instrumentalisé le facteur religieux, en utilisant la rhétorique religieuse et en se présentant aux électeurs comme "un envoyé de Dieu", et ont donc mis en doute la sincérité de Modi dans cette accolade avec le Souverain Pontife.
Le père jésuite indien Cedric Prakash, analyste et écrivain, affirme à cet égard : "Nous devons comprendre et prouver par des faits qu'il ne s'agit pas de l'étreinte d'un hypocrite. Au cours de ces années de gouvernement, Modi et son parti ont fait souffrir les minorités musulmanes et chrétiennes de l'Inde. Il faut démontrer par des politiques concrètes que le gouvernement respecte la Constitution et les principes de citoyenneté pour les citoyens de toutes les confessions religieuses". De plus, poursuit le jésuite, "l'invitation verbale au Pape, qui est certainement la bienvenue - sa présence serait une source de fierté pour nous tous - doit être traduite en une invitation réelle et officielle : nous attendons de notre gouvernement qu'il la présente au Saint-Siège dès que possible, alors qu'il a été dit (et ensuite non formalisé) que ce serait dès 2021. Si le Pape vient en Inde, il pourra certainement mettre en lumière le sort des pauvres, des plus vulnérables et des plus souffrants, des pêcheurs et des agriculteurs, des populations indigènes : sa présence parmi nous serait une bénédiction. Nous exhortons donc le Premier ministre Modi à prendre dès à présent des mesures concrètes et réelles en vue de l'invitation du pape François. (PA) (Agence Fides 17/6/2024)


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