AFRIQUE / AFRIQUE DU SUD - « Avec la perte de l'hégémonie de l'ANC, l'Afrique du Sud entre dans un territoire inexploré »

lundi, 3 juin 2024 elections   justice   paix  

Johannesburg (Agence Fides) - Le vote a été régulier, même s'il y a eu « des inefficacités qui ont rendu le vote plus difficile et qui, dans certains cas, ont empêché d'exercer le droit de vote », ce qui s'est traduit par une diminution du nombre d'électeurs. C'est ainsi que la Commission « Justice et Paix » de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (qui regroupe les évêques d'Afrique du Sud, du Botswana et d'Eswatini), a qualifié les élections générales qui se sont déroulées en Afrique du Sud le 29 mai dernier (voir Fides 31/5/2024).
Rappelant que dans plusieurs pays africains, le vote est caractérisé par de graves irrégularités, « Justice et Paix » affirme que « de telles irrégularités n'existent pas dans les élections sud-africaines, y compris celles d'aujourd'hui, qui ont été fortement contestées ». « L'Afrique du Sud - poursuit le communiqué signé par le directeur de Justice et Paix, le père Stan Muyebe - est l'une des meilleures démocraties d'Afrique. Chaque fois que nous votons en Afrique du Sud, nous devrions remercier Dieu que ce pays soit l'une des meilleures démocraties d'Afrique, mais c'est une démocratie que tout le monde est appelé à garder jalousement ».
En ce sens, le déclin du nombre d'électeurs, selon le père Muyebe, est un signe inquiétant car « il reflète le manque de confiance des citoyens dans les élections, qui ont l'impression que leur vote individuel ne fait pas la différence. Il y a un décalage entre les résultats des élections et la vie réelle des citoyens qui votent ». Si les Sud-Africains ne croient pas qu'ils peuvent exprimer leurs revendications par le biais du vote, ils risquent d'« alimenter une culture bien ancrée de protestations violentes », prévient le père Muyebe.
Sur 41,4 millions d'électeurs, 27,79 millions se sont inscrits sur les listes électorales cette année. « Cela signifie qu'environ 13,7 millions d'électeurs n'ont pas pu s'inscrire », souligne Justice et Paix. Le nombre d'électeurs inscrits a progressivement diminué : de 80,5 % des électeurs inscrits en 2014, il est passé à 74,5 % en 2019, puis à 66,8 % en 2024.
« Sur une note positive, il y a eu une augmentation du nombre de jeunes s'inscrivant sur les listes électorales », indique la note de Justice et Paix. Cela peut expliquer en partie la perte de la majorité absolue au parlement pour la première fois par le Congrès national africain depuis son arrivée au pouvoir après la fin de l'apartheid il y a 30 ans. Lors des élections précédentes, en 2019, le parti avait obtenu 230 sièges. Cette année, il n'en obtient que 159 sur les 400 disponibles. L'ANC devra donc former une coalition avec d'autres partis pour pouvoir gouverner et élire un nouveau chef d'État, élu par le Parlement. Le fait que, pour la première fois depuis 1994, le parti au pouvoir ait perdu sa domination électorale et son hégémonie politique place l'Afrique du Sud dans une situation inédite", conclut »Justice et Paix (LM) (Agence Fides 3/6/2024)


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