Roma (Agence Fides) – « Quo Vadis Africa ? » Cette question résume les efforts de recherche consacrés à l'Afrique occidentale par les jeunes de l'École Sinderesi de l'Université Pontificale Grégorienne de Rome au cours de l'année universitaire 2024-2025. Ces travaux sont désormais rassemblés dans l'ouvrage « The Metamorphosis of West Africa - Not only migration » (Rubbettino, 2025), sous la direction de Mgr Samuele Sangalli, fondateur et président de la Fondation Sinderesi – Praticare l'etica, ainsi que secrétaire adjoint de la section pour la première évangélisation et les nouvelles Églises particulières du Dicastère pour l'évangélisation, et de Mme Antonella Piccinin, professeure chargée de cours à l'Université Pontificale Grégorienne. Le volume sera présenté le lundi 1er décembre à 17h30 au Centre Foi et Culture Alberto Hurtado, au Palazzo Frascara, piazza della Pilotta 4, Rome.
Comme le souligne Mgr Sangalli dans son introduction, un continent qui s'apprête à accueillir deux milliards et demi de personnes d'ici 2050 (un quart de l'humanité) « ne peut s'expliquer uniquement en termes de migration mal gérée ». Cela vaut particulièrement pour l'Afrique occidentale, qui fait l'objet des études rassemblées dans cet ouvrage.
Parmi les défis auxquels la région doit faire face, il y a celui d'assurer une représentation démocratique aux populations des États menacés par la progression du djihadisme et du crime organisé transnational, ainsi que par la réponse militaire qui en découle de la part des juntes putschistes qui ont pris le pouvoir dans des pays comme le Burkina Faso et le Niger. La contribution du père Giulio Albanese se concentre sur ces aspects, auxquels s'ajoutent les problèmes liés aux défis géopolitiques découlant de la forte diminution de l'influence française dans la région et de l'arrivée de nouvelles puissances telles que la Russie, la Chine et la Turquie. L'influence française résiduelle persiste toutefois grâce aux réseaux maçonniques d'outre-Alpes qui ont depuis longtemps coopté les élites des États issus de l'ancienne colonisation.
Mgr Fortunatus Nwachukwu, secrétaire de la section pour la première évangélisation et les nouvelles Églises particulières du Dicastère pour l'évangélisation, aborde la question de l'ethnicité. L'archevêque s'inspire de son pays d'origine, le Nigeria, où cohabitent 371 ethnies et où l'on parle plus de 500 langues, pour souligner que la question ethnique peut être à la fois un facteur d'unité et de division, selon la manière dont la politique pousse les populations vers l'une ou l'autre possibilité.
D'autres interventions portent sur les aspects économiques (Post-colonial Economies and Migration Beyond the Afro-pessimism de Rogan Ufomba), éducatifs (The financial resources of School Systems in Mali de don Benoit Dembele) et migratoires (Challanges and Prospects for the Appropriate Management of Migratory Flows de l'ambassadeur Maurizio Melani).
Sur le plan interreligieux, le Dr Abdellah Redouane, secrétaire général du Centre culturel islamique d'Italie, offre une description détaillée de la pluralité religieuse et de la complexité actuelle des composantes islamiques en Afrique de l'Ouest.
Le volume se termine par le témoignage du père Luigi Maccalli, missionnaire SMA, enlevé en 2018 au Niger et libéré deux ans plus tard. À travers l'élaboration spirituelle de cette expérience douloureuse, le missionnaire - souligne Mgr Sangalli dans son introduction - « est devenu un fervent défenseur de la logique de la non-violence, du pardon et de la paix ».
En conclusion, grâce aux efforts de recherche désormais rassemblés dans cet ouvrage, Scuola Sinderesi ne s'est pas contentée de photographier la situation souvent problématique de l'Afrique de l'Ouest, mais s'est efforcée d'apporter des réponses concrètes à une région qui a le potentiel pour un développement humain intégral.(LM) (Agence Fides 28/11/2025)