AFRIQUE/OUGANDA - « Voix de paix » : campagne des jeunes Soudanais pour la construction d'un processus de paix durable

vendredi, 20 juin 2025

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Kampala (Agence Fides) – « Arrêter la guerre est une demande, mais aussi une nécessité, de toute la population soudanaise ». Tel est l’objectif d’un groupe de jeunes Soudanais qui ont lancé, à Kampala en Ouganda, la campagne « Voix de la paix ».

Inaugurée samedi 14 juin par Sa'ad Mohamed, directeur exécutif de l'African Centre for Justice and Peace Studies (ACJPS), « Voices of Peace » vise à impliquer les jeunes Soudanais dans la construction d'un processus de paix durable.

« À travers cette campagne, nous voulons construire un processus de paix complet, qui place les jeunes au centre, en tirant parti du pouvoir et de l'influence des réseaux sociaux pour façonner l'opinion publique », a déclaré l'un des jeunes Soudanais présents. L'objectif est d'utiliser les réseaux sociaux et les arts traditionnels pour promouvoir la réconciliation et mettre fin au conflit qui déchire leur pays, ravagé par une guerre civile sanglante (voir Fides 17/4/2023).

Selon les organisateurs, cette initiative utilisera les médias numériques et les arts traditionnels, notamment le rôle des « Hakamat » (chanteuses et conteuses traditionnelles), pour diffuser des messages de paix et de coexistence, tout en surveillant et en documentant les violations des droits humains dans tout le Soudan.

La note reçue par l'Agence Fides indique également que les groupes civils et politiques soudanais ont une grande expérience dans l'utilisation des médias numériques et des réseaux sociaux, qui ont joué un rôle fondamental dans la mobilisation de la révolution soudanaise de décembre 2018 à avril 2019. Face à la répression médiatique, les plateformes de réseaux sociaux telles que Facebook, Twitter et WhatsApp sont devenues cruciales pour organiser les manifestations et coordonner les actions. Le soulèvement a en effet brisé le blocus médiatique officiel, transformant les réseaux sociaux en un outil de communication populaire et unifiant les slogans révolutionnaires. Les militants soudanais ont obtenu un soutien international, notamment sur Twitter, qui est devenu un espace de solidarité mondiale. Les plateformes numériques sont également devenues un moyen vital pour les jeunes de discuter de la construction de l'État, de la justice transitionnelle et des droits humains, favorisant ainsi une culture de la résistance numérique.

Asjad Bahaa, fondatrice et participante à la campagne, a déclaré que « Voices of Peace » est la deuxième phase d'un projet de l'ACJPS, lancé en avril et axé sur la documentation des disparitions forcées. Elle a expliqué que la campagne formera des jeunes comme observateurs et documentateurs des violations des droits humains, face à l'exode de nombreux militants en raison des menaces qui pèsent sur leur sécurité.

Les jeunes sont « le carburant de la guerre et de la paix », souvent facilement recrutables par les groupes armés, a souligné un militant de la campagne. « Nous essayons d'inverser cette tendance en formant les jeunes à devenir des promoteurs de la paix », a-t-il déclaré.

La campagne est lancée alors que le conflit entre l'armée et les Forces de soutien rapide entre dans sa troisième année, avec une escalade de la violence et peu de signes d'une solution politique. La situation humanitaire continue de se détériorer et les violations des droits civils sont généralisées.

D'autres pays ont également su mettre en valeur le potentiel des arts et des médias dans la construction de la paix. Parmi eux, le Rwanda qui, après le génocide de 1994, a utilisé les arts traditionnels, le théâtre communautaire et les émissions de radio pour promouvoir l'amour, la réconciliation et le pardon. Ou encore la Sierra Leone où, après la guerre civile de 2002, des groupes musicaux itinérants de jeunes ont utilisé la musique traditionnelle pour réintégrer les enfants soldats et promouvoir la tolérance. En Colombie, des campagnes médiatiques intégrant les arts et la musique traditionnels ont encouragé des dizaines de combattants à déposer les armes et à se réinsérer dans la société. Au Niger, le rôle des « Hakamat » dans la construction de la paix a été renforcé grâce à des chants populaires qui transmettaient de manière informelle des messages appelant à mettre fin à la violence et à promouvoir la coexistence dans les communautés pastorales.

(AP) (Agence Fides 20/6/2025)


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