Maputo (Agence Fides) - « S'ils tuent mes frères, je serai là pour qu'ils me fassent ce qu'ils veulent ». C'est ainsi que Venâncio Mondlane, le candidat du parti d'opposition qui prétend avoir gagné les élections présidentielles mozambicaines, a déclaré qu'il reviendrait d'exil le jeudi 9 janvier.
Le candidat du PODEMOS (Parti Optimiste pour le Développement du Mozambique), arrivé deuxième lors de l'élection présidentielle du 9 octobre (voir Fides 9/10/2024), conteste le résultat du vote qui a vu la victoire de Daniel Chapo, candidat du FRELIMO (Front de Libération du Mozambique, au pouvoir depuis 1975). En réponse à l'appel de Mondlane, le 21 octobre, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues du Mozambique. Depuis lors, des affrontements entre les manifestants et les forces de police ont fait des morts et des blessés. Les manifestations se sont intensifiées lorsque la Cour constitutionnelle a confirmé la victoire de Chapo le 23 décembre. Outre les morts (estimés à environ 300) et les blessés, l'opposition a dénoncé les arrestations arbitraires opérées par la police. Profitant du chaos, quelque 6000 détenus se sont évadés de la prison de Maputo. Au moins 30 personnes ont trouvé la mort dans les affrontements entre gardiens et détenus.
Chapo devrait prendre ses fonctions le 15 janvier. Cependant, Mondlane a déclaré qu'il prendrait ses fonctions même au prix de sa vie.
La grave crise qui secoue le Mozambique a de sérieuses répercussions sur les pays voisins (voir Fides 11/12/2024). L'ancien président tanzanien Jakaya Kikwete a été nommé à la tête d'une délégation de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) pour tenter de la résoudre. Entre-temps, les voisins du Mozambique envisagent de prendre des mesures concrètes pour protéger les routes commerciales régionales, les couloirs humanitaires et les approvisionnements énergétiques transfrontaliers. Les ports mozambicains bloqués par les manifestations sont en effet vitaux pour les régions orientales de l'Afrique du Sud, ainsi que pour le Zimbabwe et le Malawi. Les violences post-électorales ont également poussé des milliers de Mozambicains à fuir vers les pays voisins.
L'archevêque de Maputo, Mgr João Carlos Hatoa Nunes, a appelé les fidèles à ne pas baisser les bras face à cette situation. Dans son homélie pour la fête de la Sainte Famille, le 29 décembre, Mgr Nunes a déclaré : « Il s'agit d'un contexte de tension et d'incertitude qui exige de nous tous de la résilience, de la foi et, surtout, de l'espérance. Malgré les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, nous sommes appelés à ne pas perdre espoir, mais à renouveler notre confiance dans la transformation que seul Dieu peut apporter ».(LM) (Agence Fides 7/1/2025)