ASIE/PAKISTAN - Un prédicateur islamique controversé accueilli par le gouvernement pakistanais

vendredi, 18 octobre 2024 dialogue   islam   minorités religieuses  

Radio Pakistan

Lahore (Agence Fides) - « Il est vraiment choquant pour nous que le prédicateur islamique indien controversé Zakir Naik ait été invité par le gouvernement pakistanais et continue sa tournée de prédication dans les principales villes pakistanaises, en semant la haine religieuse » : c'est ce que déclare à l'Agence Fides le Père James Channan, prêtre dominicain, qui dirige le « Peace Center » de Lahore, une organisation qui promeut les conférences, les dialogues et les rencontres interreligieuses. Le père Channan est sensible à « la diffamation prononcée contre le christianisme, le judaïsme et l'hindouisme, qui fait très mal ». « Nous ne comprenons pas pourquoi, affirme-t-il, on donne de l'espace à Naik : il a aussi prêché dans la mosquée royale de Lahore, devant 150 000 personnes et des centaines de milliers de fidèles musulmans connectés en ligne, insultant et ridiculisant les différentes confessions religieuses, créant du mécontentement même parmi les chiites et les ahmadis ». « Ses propos sont sectaires et induisent des tensions religieuses et une polarisation au Pakistan, qui peuvent se transformer en violence », prévient le Dominicain, qui note que “les discours de Naik ont semé le trouble parmi les chrétiens, les hindous et les sikhs”. « Il a prononcé des paroles de mépris à l'égard de la Trinité, de Jésus-Christ, de la Bible, de la Torah, des textes sacrés hindous. Les croyants sont incrédules, agacés et en colère. Nous sommes très amers car ces interventions détruisent un travail constant de dialogue et de relations pacifiques patiemment construites au Pakistan », rapporte le père Channan.
Les dirigeants de diverses communautés religieuses ont condamné les discours de haine et les remarques désobligeantes de Zakir Naik et ont exprimé leur profonde inquiétude et leur déception : « Sa présence nuit aux efforts visant à promouvoir l'harmonie et la coexistence interreligieuse. Le gouvernement pakistanais a pour mission de prévenir la violence haineuse et d'assurer la sécurité et la protection des communautés minoritaires. Le ministère de l'harmonie doit promouvoir la tolérance, la compréhension et le respect entre les différentes communautés religieuses. Nous pensons que le dialogue et la coopération entre les religions sont essentiels pour construire une société pacifique et harmonieuse. Par conséquent, inviter un leader controversé reste une démarche peu claire », note le prêtre, car Zakir Naik est connu pour ses discours sectaires et a déjà été banni de pays tels que l'Inde, le Sri Lanka, le Bangladesh et le Royaume-Uni. « Pourquoi alors ne pas inviter l'imam de la Kaaba, à La Mecque, qui apporte toujours un message de paix et de tolérance ? » s'interroge le père Channan, qui note également la profonde déception de nombreux croyants et chefs religieux musulmans sunnites, qui n'apprécient pas du tout l'approche de Zakir Naik.
Déçus et aigris, les leaders chrétiens, hindous et sikhs ont boycotté une conférence interreligieuse organisée ces derniers jours à Lahore par le ministère de l'Harmonie. « Nous voulions donner un signal. L'État et les religions doivent promouvoir ensemble le dialogue et la paix et ne pas semer la haine. Nous sommes et serons toujours prêts à coopérer avec les bonnes volontés et à apporter notre contribution au dialogue, au respect, à la tolérance, à la paix et à l'harmonie », conclut-il.
(PA) (Agence Fides 18/10/2024)


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