ASIE/CHINE - Nouvelle alarme des évêques : les sectes sont un danger pour la foi des catholiques chinois

jeudi, 19 septembre 2024 eglises locales   sectarisme  

Cesnur

par Marta Zhao

Ningbo (Agence Fides) - « Les catholiques doivent s'éloigner des sectes et de leurs doctrines, ils doivent refuser catégoriquement d'assister à leurs réunions. Les baptisés doivent persévérer dans la foi et obéir aux vérités révélées dans la Sainte Écriture et dans le Magistère de l'Église ». Telle est la sévère admonestation de Mgr Francis Xavier Jin Yangke, évêque du diocèse de Ningbo, province du Zhejiang, contenue dans une lettre pastorale signée le 6 septembre dernier.
Dans cette lettre, l'évêque demande « avec l'affection d'un pasteur » à tous les prêtres d'attirer d'urgence l'attention de leurs communautés respectives sur les dangers des doctrines et des pratiques propagées par des sectes qui cherchent à recruter des adeptes même dans les paroisses catholiques, en utilisant un langage apocalyptique et des formules d'origine chrétienne. L'évêque mentionne explicitement les groupes connus sous le nom de « Eclair de l'Orient » et « Nouveau Ciel Nouvelle Terre », et appelle à la vigilance face à leur prosélytisme. En même temps, s'adressant aux personnes « qui ont déjà été trompées », l'évêque les assure de « prier toujours le Seigneur pour vous, afin qu'il vous accorde la grâce du discernement ». Je vous exhorte, ajoute l'évêque, à reconnaître les fausses vérités de ces doctrines, à vous repentir et à revenir immédiatement dans le troupeau que le Christ a rassemblé et constitué ». Le diocèse devra prendre des mesures ecclésiastiques contre ceux qui persistent à choisir l'erreur ».
Ce n'est pas la première fois que des évêques chinois se sentent obligés de mettre en garde les prêtres, les religieuses et les laïcs contre le danger de se laisser envoûter par les méthodes de recrutement des sectes qui, dans leur propagande, se réfèrent constamment aux livres de l'Écriture Sainte, semant la confusion même parmi les catholiques. Certains évêques et prêtres ont rapporté avoir fait l'objet de chantage, de menaces et d'intimidations après avoir demandé aux membres de leurs communautés de ne pas fréquenter les membres de sectes qui sont de plus en plus agressives et tenaces dans leurs tentatives de trouver de nouveaux adeptes parmi les baptisés.
Déjà en 2012, les responsables des communautés catholiques et protestantes de la ville de Hangzhou avaient publié une Lettre ouverte aux chrétiens, à la veille de ce que les adeptes de la secte « l'Éclair Oriental /l'Éclair d'Orient » annonçaient comme la date de la « fin du monde » (21 décembre 2012). A ce moment-là, la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples est également intervenue en publiant un dossier d'information dans l'Agence Fides sur les doctrines trompeuses et les pratiques de manipulation et de chantage exercées par les groupes sectaires à l'encontre des communautés chrétiennes.
Dans sa lettre pastorale, l'évêque Jin cite le Code de droit canonique (Canons 750-1) et le Catéchisme de l'Église catholique (paragraphe 85), précisant que « d'après les rapports des paroissiens et les enquêtes diocésaines, nous avons découvert que des sectes telles que “Nouveau Ciel Nouvelle Terre (ou Temple du Tabernacle du Témoignage)” et “Église de Dieu Tout-Puissant (ou Eclair Oriental)” ont été récemment actives. Leurs discours, rappelle l'évêque, semblent similaires à ceux de l'Église, mais en réalité leurs doctrines « sont contraires aux enseignements de l'Écriture Sainte et de la Tradition, et détournent nos vies de l'Évangile du Christ ». Mgr Francis Xavier Jin a cité le paragraphe 85 du Catéchisme de l'Église catholique (qui contient à son tour une citation de la Constitution dogmatique Dei Verbum, du Concile Vatican II) pour rappeler que « la charge d'interpréter authentiquement la Parole de Dieu, qu'elle soit écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l'Église, dont l'autorité s'exerce au nom de Jésus-Christ », c'est-à-dire aux évêques en communion avec le successeur de Pierre, l'évêque de Rome.
En Chine, il existe cinq religions officiellement reconnues par les autorités : le taoïsme, le bouddhisme, le catholicisme, le christianisme (entendu comme le protestantisme) et l'islam. Les sectes religieuses et leurs doctrines souvent apocalyptiques et millénaristes trouvent un terrain fertile, en particulier dans les campagnes chinoises, en se concentrant sur les annonces de la fin du monde et les promesses de l'avènement de royaumes messianiques sur la terre.
Dans sa lettre, Mgr Jin réfute en six points les doctrines prêchées par les sectes, en soulignant que leur instrumentalisation de l'Écriture Sainte se concentre avant tout sur les textes de la Genèse et de l'Apocalypse, ainsi que sur des passages extrapolés de la Lettre de saint Jean et de la Seconde Lettre de saint Paul aux Thessaloniciens.
Dans certains cas, les membres de la secte ont été accusés et poursuivis en tant qu'auteurs de crimes et délits. Ces dernières années, de nombreux adeptes ont quitté la Chine pour émigrer aux États-Unis, au Canada, en Australie et dans les pays de l'Union européenne, où ils se présentent comme des victimes de persécutions et des défenseurs de la liberté religieuse. L'augmentation du nombre de leurs adeptes va de pair avec l'accroissement des ressources économiques et matérielles dont ils disposent.

L'« Église du Dieu tout-puissant » (« Eclair de l'Orient »)

Ce groupe religieux est apparu en Chine en 1991 et est considéré par les autorités chinoises comme une « secte pernicieuse ». La doctrine centrale du groupe affirme que Jésus-Christ est revenu sur Terre à notre époque et qu'il s'est incarné en Dieu tout-puissant. Selon la plupart des spécialistes, la personne identifiée par les adeptes de la secte comme étant le Dieu tout-puissant est une femme née dans le nord-ouest de la Chine en 1973, Yang Xiangbin. Un rôle important dans la fondation du groupe est attribué à Zhao Weishan, qui a émergé à la fin des années 1980 de groupes sectaires liés à la galaxie protestante. En 2000, Zhao et Yang se sont rendus aux Etats-Unis, où ils ont obtenu l'asile politique et ont commencé à diriger l'Eglise depuis New York, alors qu'en Chine, certains dirigeants ont été arrêtés par la police. .
Parmi les adeptes, comme l'indique le dossier publié par Fides, nombreux sont ceux qui proviennent des communautés évangéliques et de l'Église catholique, y compris des religieuses et des prêtres. Les militants du groupe religieux entrent dans les communautés ecclésiales, « adoptent un comportement exemplaire de pratique chrétienne, manifestent un intérêt intense pour l'apprentissage ». Après avoir gagné la confiance des gens, ils commencent souvent à diffuser de fausses nouvelles et à calomnier les dirigeants de la communauté, en utilisant également les réseaux sociaux dans ces campagnes de diffamation.
Le groupe a été accusé de divers crimes, dont le meurtre sectaire filmé dans un McDonald's de Zhaoyuan en 2014, lorsqu'une jeune mère a été tuée par six adeptes.

« Nouveau Ciel Nouvelle Terre »

Le groupe, également connu sous le nom "le Temple du Tabernacle du Témoignage" , ou sous son nom coréen Shincheonji, a été fondé par le Coréen Lee Man-hee le 14 mars 1984. Il se développe également rapidement en Chine, ciblant pour sa propagande les jeunes professionnels et les chrétiens aisés du district de Xuhui à Shanghai.
Les adeptes croient que Lee Man-hee est le « pasteur promis » dans le Nouveau Testament et qu'il est le seul à détenir les clés pour déchiffrer les métaphores du Livre de l'Apocalypse. La secte enseigne qu'après la venue du Christ, la véritable doctrine chrétienne a été progressivement corrompue par les églises catholique et protestante, et que le « pasteur promis » Lee Man-hee est appelé à la restaurer dans sa pureté originelle. La secte utilise également comme outils de propagande des cours d'enseignement biblique et des réunions sur les questions de paix et de dialogue interreligieux organisées par des groupes latéraux. La secte enseigne également que ses adeptes seront les seuls à recevoir le salut au moment du jugement dernier.
En 2014, le nombre de leurs « chapitres » (garnisons) établis en Chine dépassait les 100, et s'étendait à des mégapoles telles que Pékin et Guangzhou.
Dès le 23 mars 2015, le comité pastoral du diocèse de Jilin avait publié un communiqué d'avertissement sur les activités de la « secte du Nouveau Ciel Nouvelle Terre », relayé par de nombreux sites catholiques chinois.
Le groupe s'est retrouvé sous les projecteurs des médias internationaux en 2020, lorsqu'un rassemblement non autorisé d'adeptes dans la ville a été cité comme élément déclencheur de la propagation de la pandémie de Covid 19 en Corée. (Agence Fides 19/9/2024)


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