AMERIQUE/HAITI - Une force de police internationale sera déployée en Haïti dans trois semaines au plus tôt

mardi, 28 mai 2024 violence   banditisme  

Port-au-Prince (Agence Fides) - La mission multinationale dirigée par le Kenya en Haïti « ne sera pas déployée avant les trois prochaines semaines ». C'est ce qu'a annoncé le président kenyan, William Ruto, dans une interview accordée à la BBC.
Un premier déploiement de 200 policiers kenyans devait atterrir en Haïti le 23 mai, mais leur arrivée a été reportée à la dernière minute. William Ruto a expliqué que le retard dans l'arrivée de ce premier contingent de policiers était dû à des difficultés dans la préparation des installations qui devront accueillir le contingent international, ainsi qu'à un manque d'armement et de moyens de transport.
En octobre, le Kenya s'était initialement engagé à diriger la mission de sécurité en Haïti et à envoyer jusqu'à 1 000 officiers pour soutenir la police haïtienne dans le maintien de la sécurité. D'autres pays, dont la Jamaïque, la Barbade, le Bangladesh, le Bénin et le Tchad, se sont engagés à envoyer 1 500 officiers supplémentaires.
La force de police internationale sera chargée d'aider les forces de sécurité locales à contenir la violence des gangs qui a explosé en Haïti ces derniers mois. En mars, les gangs ont attaqué les deux plus grandes prisons du pays, libérant plus de 4 000 détenus, assiégeant l'aéroport et forçant Ariel Henry, le premier ministre du pays, à s'exiler. Henry a depuis lors démissionné (voir Fides 27/3/2024).
La mission internationale s'est également heurtée à l'opposition des bandes criminelles. Le G9 et le G-Pèp, les anciennes alliances de gangs rivales d'Haïti, se sont unies dans leur opposition à la mission de sécurité, formant un groupe appelé Vivre Ensemble.
Des armes continuent d'affluer dans le pays, dont certaines pourraient provenir de vols commis dans des pays d'Amérique latine comme la Colombie. Ce qui est certain, c'est que les gangs haïtiens disposent d'un armement de plus en plus sophistiqué, comme l'a expliqué à Fides Sœur Marcella Catozza, de la Fraternité franciscaine missionnaire de Busto Arsizio, qui travaille en Haïti depuis 20 ans (voir Fides 15/3/2024). Des armes qui peuvent également être achetées avec la complicité de trois hommes d'affaires haïtiens qui ont été sanctionnés par le gouvernement du Canada en décembre 2022 pour avoir « exploité leur statut de membres éminents de l'élite économique haïtienne pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels, y compris par le blanchiment d'argent et d'autres actes de corruption ». Il s'agit de Gilbert Bigio, président du conglomérat industriel haïtien GB Group, et des hommes d'affaires Reynold Deeb et Sherif Abdallah.
Entre-temps, la situation humanitaire est dramatique (voir 27/5/2024) et la violence ne semble pas vouloir s'atténuer. Le 23 mai 2024, deux jeunes missionnaires protestants américains, Natalie et Davy Lloyd, ainsi qu'un de leurs compagnons haïtiens, Jude Montis, sont tués dans la plaine de Cul de Sac. (LM) (Agence Fides 28/5/2024)


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