Beyrouth (Agence Fides) - Y a-t-il une tentative de déstabiliser le Liban en réactivant les conflits sectaires ? C'est la question que l'on se pose au Pays du Cèdre après certains faits divers qui ont fait monter la tension locale alors que toute la région du Moyen-Orient est marquée par le conflit à Gaza et le lancement de centaines de bombes en direction d'Israël par l'Iran et ses alliés régionaux.
L'assassinat de Pascal Sleiman, coordinateur des Forces libanaises à Jbeil (Byblos), a été attribué à un "gang syrien" de voleurs de voitures (voir Fides 9/4/2024).
Lors de l'interrogatoire, les ravisseurs ont affirmé qu'ils avaient agi pour voler la voiture de Sleiman. Cependant, leurs aveux se sont immédiatement révélés faux, puisqu'ils ont abandonné le véhicule et transporté le corps de Sleiman en Syrie après qu'il ait succombé à ses blessures. Selon les médias syriens, ils ont franchi la frontière syrienne par des points de passage non autorisés et sont entrés dans une zone contrôlée par le Hezbollah. Ces événements ont soulevé de nombreuses questions sur les motivations de l'opération et ses commanditaires.
Il est à craindre que les éventuels commanditaires inconnus de l'opération aient voulu, d'une part, déclencher une guerre entre chrétiens et musulmans en accusant de puissantes forces locales d'être à l'origine du crime et, d'autre part, semer la discorde entre chrétiens et syriens. Rappelons que le Liban accueille environ 1,5 million de réfugiés syriens fuyant la guerre civile qui a éclaté dans leur pays en 2011. Une présence pas toujours bien vue par la population libanaise, en proie à la crise économique et financière.
Le 9 avril également, Mohammad Ibrahim Srour, un changeur libanais sanctionné par les autorités américaines pour avoir transféré des fonds au Hamas au nom des Gardiens de la révolution iraniens, a été retrouvé mort dans une villa du village de Beit Meri, à l'est de Beyrouth. Selon sa famille, M. Srour avait disparu depuis une semaine avant que son corps ne soit retrouvé avec plusieurs balles et des traces de torture. Les autorités libanaises accusent le Mossad, les services secrets israéliens, du crime, qui aurait été matériellement commis par des agents mercenaires syriens et libanais.
Par ailleurs, une série d'attentats a été perpétrée contre le siège du Parti social nationaliste syrien (PSNS) à Jdita, dans la région de la Bekaa. Les auteurs ont laissé un drapeau des Forces libanaises sur les lieux, alimentant ainsi les tensions et exacerbant les divisions sectaires, alimentées sur les réseaux sociaux par des hordes de trolls et de provocateurs. (LM) (Agence Fides 16/4/2024)