N'Djamena (Agence Fides) - " Nous avons entendu les coups de feu dans la nuit mais nous ne savons pas encore ce qui se passe ", affirment à l'Agence Fides des sources locales de N'Djamena, la capitale du Tchad qui s'est réveillée aujourd'hui, 28 février, en état de siège.
"Normalement, à N'Djamena, il y a beaucoup de militaires et de policiers, mais ce matin, nous avons pu constater que la présence de patrouilles et de points de contrôle a augmenté de manière significative ", confirment les sources de l'Agence Fides.
"Ce que nous savons, c'est que les dates des élections présidentielles ont été annoncées hier, avec un premier tour le 6 mai et un éventuel second tour le 22 juin. Le Parti socialiste sans frontières (PSF), principal parti d'opposition, avait convoqué une réunion de ses dirigeants pour discuter de la question. Aujourd'hui, le secrétaire aux finances du PSF est accusé par le gouvernement d'avoir fomenté une tentative d'assassinat contre le président de la Cour suprême et a été arrêté ", rapportent des sources de Fides.
Dans un communiqué du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, il est indiqué qu'après l'arrestation du responsable financier du PSF, "la situation a pris une tournure dramatique avec l'attaque délibérée de ses complices, menée par des éléments du PSF dirigés par le président de ce mouvement, Yaya Dillo, contre les locaux de l'Agence nationale de la sûreté de l'Etat (ANSE, les services de sécurité intérieure), faisant plusieurs morts". "Les forces de l'ordre, poursuit le communiqué du gouvernement tchadien, ont réagi immédiatement et efficacement pour déjouer l'attaque qui s'est caractérisée par un amateurisme ahurissant. La situation est aujourd'hui totalement sous contrôle", affirme le gouvernement, tandis que "les auteurs de cet acte ont été arrêtés ou sont recherchés et seront poursuivis".
"Nous confirmons avoir entendu des coups de feu durant la nuit, bien que nous soyons à quelques kilomètres du siège de l'ANSE, mais nous ne pouvons pas savoir avec certitude si ce que dit le communiqué du gouvernement correspond à l'entière vérité", affirment nos sources, qui rappellent que "les médias locaux sont strictement contrôlés par l'Etat".
Le Tchad est actuellement dirigé par le président Mahamat Idriss Déby Itno, proclamé président de transition par l'armée le 20 avril 2021, à la tête d'une junte de 15 généraux, après la mort de son père Idriss Déby Itno, tué par des rebelles au front. Il promet aussitôt de rendre le pouvoir aux civils en organisant des élections 18 mois plus tard, échéance repoussée de deux ans.
Avec l'annonce de la date du premier tour des élections le 6 mai, ceux qui souhaitent se porter candidats doivent déposer leur candidature avant le 15 mars, un délai jugé trop court par l'opposition.
Par ailleurs, la famille du président apparaît divisée. Un de ses oncles, frère cadet de son père Idriss Déby Itno, a rejoint le PSF de Yaya Dillo, lui-même cousin du chef de l'Etat. Il semble donc que les derniers événements soient dus à un clivage au sein du clan Itno qui dirige le Tchad depuis 1990. (LM) (Agence Fides 28/2/2024)