L'enfer en Terre Sainte - une perspective différente

mardi, 21 novembre 2023

idf.il

Nous recevons et nous publions

par Raphael Schutz*

L'article "L'enfer en Terre Sainte" de l'archevêque de Homs, Hama et Nabek (voir Fides 15/11/2023), se concentre, comme le titre l'indique, sur la guerre en cours, mais traite également de l'histoire du conflit israélo-palestinien et de quelques autres aspects régionaux. J'apprécie l'occasion qui m'est donnée de présenter une perspective différente sur le texte cité.


De faux parallèles avec une boussole morale brisée

Si je devais me limiter à un seul point de l'article, ce serait certainement la phrase "Il n'est pas humain que des Palestiniens tuent des Israéliens dans des kibboutzim. Et il n'est pas humain que des Israéliens bombardent des églises et des hôpitaux".
Cette phrase est importante car elle résume la fâcheuse tendance à établir de faux parallèles et de fausses symétries là où il n'y en a pas. Alors que le Hamas, le Hezbollah et les autres 3missaires de l'Iran visent à tuer autant de civils israéliens que possible afin d'anéantir l'État juif, l'action militaire israélienne représente le cas le plus clair d'autodéfense. Son objectif est de rétablir la sécurité des civils eux-mêmes. Pour ce faire, l'armée israélienne doit parfois attaquer des églises et des hôpitaux, ainsi que des écoles et des jardins d'enfants, car le Hamas utilise ces installations et d'autres, qui "devraient être les dernières garnisons de l'humanité", comme centres opérationnels pour ses activités criminelles. Ce faisant, le Hamas transforme ces lieux en cibles militaires légitimes au regard du droit international et, j'ajouterais, au regard de la morale et du bon sens.
L'armée israélienne, conformément à l'adhésion d'Israël au droit international et à son engagement à réduire autant que possible le nombre de victimes innocentes, prend de nombreuses mesures préventives avant d'attaquer des cibles civiles transformées en centres du Hamas.
Le Hamas, au contraire, non seulement utilise la population palestinienne comme bouclier humain, mais tente activement et brutalement d'empêcher cette population de se sauver, sachant qu'Israël sera le seul à blâmer pour toutes les victimes civiles.
Réduire cette réalité et les motivations abominables des deux parties dans une phrase qui les ignore toutes est un indicateur décevant d'une boussole morale brisée.
Une autre phrase qui manifeste le même défaut est "le mal ne peut être éradiqué du mal". Les guerres sont toujours terribles, mais elles doivent parfois être menées. Personne ne décrirait les forces alliées combattant les nazis en Europe dans les années 1940 comme étant "mauvaises" et aucune personne morale n'utiliserait ce terme pour les opérations de l'armée israélienne aujourd'hui.

Que sont les "réfugiés palestiniens" ?

Je crains que mon commentaire ne doive aller au-delà du point de vue moral, pour aborder la partie historique de l'article. Se référant aux Palestiniens, Mgr Mourad écrit : "Depuis 1948, ils vivent comme des réfugiés dans des camps disséminés au Moyen-Orient". C'est un cliché que l'on entend souvent, presque automatiquement, dans le contexte du conflit.
J'implore les lecteurs intelligents d'éviter cet automatisme et de se poser quelques questions, notamment sur les circonstances dans lesquelles 750 000 Palestiniens sont devenus des réfugiés en 1948 (la réponse est courte : en rejetant la solution des deux États, les dirigeants palestiniens ont déclaré la guerre aux Juifs, qu'ils ont perdue en tant qu'agresseurs), mais aussi sur le fait que, contrairement aux millions de réfugiés dans l'Europe de l'après-guerre, ils n'ont pas été intégrés au Liban, en Syrie et dans d'autres pays arabes, mais ont été maintenus comme des citoyens de seconde zone. En outre, comment se fait-il que de 750 000 en 1948, ils seraient aujourd'hui environ 5 millions ?
Ce doit être le seul cas où le statut de réfugié se transmet "de génération en génération". La réponse est simple : depuis 1948, les "réfugiés" ont été davantage un outil politique anti-israélien entre les mains du monde arabe, qui a préféré utiliser et manipuler le problème au lieu de le résoudre, comme cela a été fait en Europe et en Israël même, qui, dans les années qui ont suivi 1948, a absorbé plus d'un million de réfugiés juifs persécutés et/ou expulsés des pays arabo-musulmans.

La voix la plus forte jamais entendue

L'article affirme que les Palestiniens n'ont pas été en mesure de se faire entendre. C'est loin d'être le cas, comme en témoigne le nombre incalculable de résolutions anti-israéliennes au sein de l'ONU et de ses agences. Dans nombre d'entre elles, l'ordre du jour professionnel a été détourné, des débats sérieux sur les véritables défis mondiaux ont été balayés, sacrifiés et remplacés par une propagande anti-israélienne flagrante. Les Palestiniens agissent de la sorte avec la majorité automatique des États non démocratiques de l'organisation. Un exemple parmi tant d'autres est le "Conseil des droits de l'homme des Nations unies" qui, depuis sa création, a adopté plus de résolutions anti-israéliennes liées au conflit que tous les autres conflits mondiaux réunis.
En fait, les Palestiniens bénéficient d'une attention internationale bien plus grande que beaucoup d'autres problèmes plus graves dans le monde.

Une conclusion linguistique

Ma brève remarque finale est plutôt de nature linguistique : alors que Mgr Mourad parle d'Israël qui bombarde les hôpitaux, une phrase plus loin, en se référant aux hôpitaux de Homs et d'Alep, il préfère utiliser la forme passive "ils ont été bombardés" sans identifier qui a fait le bombardement. Je ne veux pas être explicite dans l'explication de son choix. Je suis sûr que le lecteur intelligent comprendra. (Agence Fides 21/11/2023)

*Ambassadeur d’Israël auprès du Saint Siège


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