Rome (Agence Fides) - La tradition "consiste à garder le feu, non à adorer les cendres". Ainsi l'atteste l'aphorisme évocateur du compositeur autrichien Gustav Mahler. Une formule souvent reprise, ces derniers temps, par le Pape François. C'est aussi ainsi qu'il raconte, à sa manière, l'histoire de la Congrégation des Prêtres de la Doctrine Chrétienne, retracée en synthèse dans la vidéo réalisée pour l'Agence Fides par Emiliano Sinopoli.
Pour "garder le feu" de la vie chrétienne et le transmettre de génération en génération, l'Église catholique a également utilisé comme outil simple le catéchisme, la pratique ordinaire consistant à exposer clairement les contenus de la foi apostolique.
Depuis des siècles, à travers l'instrument habituel du catéchisme, l'Église aide les jeunes et les vieux, les saints et les pécheurs à appeler les choses de la vie de la grâce par leur nom. La grâce et le péché. Le salut et la perdition. La charité et la miséricorde corporelle et spirituelle.
Face à la réalité actuelle, répéter les choses élémentaires de la foi chrétienne devient à nouveau un acte de charité suprême, pour le bien des âmes. Maintenant que, comme l'a répété le pape François, "je suis peiné de voir tant d'enfants qui, aujourd'hui encore, ne savent même pas faire le signe de la croix".
D'autre part, les discours de ceux qui continuent à répéter que "le catéchisme n'est pas nécessaire et n'est pas adapté à notre temps" semblent de plus en plus obsolètes, dépassés et hors de propos. C'est précisément maintenant - et après tout, il en a toujours été ainsi et il en sera toujours ainsi - que l'on commence et que l'on continue à marcher dans la foi en restant toujours un débutant, comme des myriades de saints en témoignent par leur vie.
"Le catéchisme", a répété dans une interview le Cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (qui a également participé pendant des années à l'équipe chargée de compiler le Catéchisme de l'Église catholique, la grande synthèse de la doctrine catholique publiée dans sa première version en 1992), "a plutôt à voir avec l'image de l'enfant au moment où il apprend à parler de sa mère. Il apprend des mots, et les mots sont les noms des choses qu'il découvre, et tout cela est une surprise, une nouveauté". Le grand philosophe français Étienne Gilson disait que tout ce dont il avait besoin pour sa vie de foi, il le trouvait dans son catéchisme. Et le poète Charles Péguy répétait lui aussi que sa foi était toute dans le catéchisme du diocèse d'Orléans, "le catéchisme de la paroisse natale, le catéchisme des petits enfants".
Le catéchisme ne peut jamais devenir une excuse pour la présomption et l'orgueil. Au contraire, il suggère que nous sommes toujours des débutants dans la vie chrétienne. Par rapport au catéchisme, l'enfant et l'enseignant restent toujours au même niveau. Tous petits devant les mystères de la foi.
Le catéchisme lui-même enseigne que la doctrine, en elle-même, ne sauve pas. Ce n'est pas la doctrine en elle-même qui sauve les âmes. Chez ceux qui enseignent le catéchisme avec un cœur chrétien, jamais ne peut se glisser la prétention que les formules de la doctrine peuvent contenir et épuiser les réalités qu'elles indiquent. Saint Thomas, dans la Summa Theologiae, a précisé que "Fides non terminatur ad enuntiabile, sed ad rem". L'acte de croire ne se termine pas avec l'énonciation de ce que l'on croit, mais dans l'expérience même de l'objet de la croyance. Tout simplement, la nouveauté du christianisme se communique aussi à travers les processus ordinaires de la vie, avec le mécanisme normal de communication des nouvelles, qui est celui des questions que les enfants posent et des réponses qu'ils reçoivent. Tout catéchiste est appelé à exposer la vérité aussi clairement que possible. Et en même temps, il reconnaît et atteste qu'il ne dépend pas de lui que ces vérités soient acceptées dans le cœur et l'esprit de ses auditeurs. Dans les Actes des Apôtres, c'est toujours l'Esprit Saint qui ouvre les portes des cœurs aux paroles prêchées et entendues.
L'aventure missionnaire de l'apostolat catéchétique imprègne toute l'histoire de la Congrégation des Prêtres de la Doctrine Chrétienne. Une aventure ecclésiale qui a fleuri en Provence, au seuil de l'ère moderne, à partir de l'expérience de Cèsar De Bas. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, après être revenu à la vie de foi grâce à l'exemple d'une couturière et d'un sacristain (des personnes sans instruction, socialement éloignées des cercles élevés que sa famille fréquentait), Cèsar a ressenti le besoin de promouvoir un catéchisme accessible destiné au peuple, utilisant des concepts simples, des paraboles, des simulations, des illustrations pour communiquer à tous et selon les différentes possibilités de réception les contenus du catéchisme "ad parochos", la synthèse doctrinale préparée pour les prêtres, fruit du Concile de Trente.
L'histoire de César de Bus et de la congrégation sacerdotale qu'il a fondée est marquée par des malentendus, des difficultés et des expériences de persécution. Après la Révolution française, quatre pères doctrinaires refusent d'adhérer à la constitution civile du clergé et sont martyrisés.
Irriguée aussi par le sang des martyrs, l'expérience spirituelle des Pères doctrinaires continue de traverser l'histoire. Frappé par l'originalité de son style catéchétique, Paul VI a proclamé le Père César bienheureux le 27 avril de l'Année Sainte 1975, le désignant à l'Église comme un modèle pour les catéchistes. Le pape François l'a proclamé saint le 15 mai 2022.
Aujourd'hui, les Pères Doctrinaires sont présents en France, en Italie, au Brésil, en Inde et au Burundi, et demandent chaque jour "que tout en nous catéchise", comme le dit un de leurs slogans.
Aujourd'hui encore, travaillant dans des pays aussi éloignés et divers, les prêtres de la Congrégation pour la Doctrine Chrétienne partagent partout le désir de rendre le catéchisme accessible à tous, afin que chacun puisse rencontrer le Seigneur de la manière la plus simple possible. Leur horizon continue à être défini par la proposition de leur devise : "In doctrinis glorificate Dominum". (Agence Fides 17/2/2023)