AFRIQUE/ANGOLA - Un missionnaire d'un nouveau quartier au nord de Luanda parle de l'importance de l'eau

mercredi, 13 avril 2022

SMA

Desvio da Barra (Agence Fides) - "Quelques adultes seront baptisés samedi prochain, au cours de la Veillée pascale, et d'autres le jour de Pâques. Il s'agit d'un grand groupe d'adolescents et de jeunes qui attendent depuis plus de trois ans, cette Eau qui vient du Ciel et qui les fera renaître à une Vie nouvelle. Tout comme la terre qui explose de vie après une pluie abondante même si sèche et crevassée qu'elle semble morte à cause d'une longue sécheresse, nous sommes certains que l'Esprit Saint transformera nos catéchumènes en courageux disciples de Jésus, dans l'Église et dans la société." C'est ce qu'écrit à l'Agence Fides le Père Luigino Frattin, missionnaire en Angola à Desvio da Barra, un nouveau quartier où se construit le nouveau port à 50 km au nord de la capitale (voir Agence Fides 16/2/2022).
Dans la note envoyée à Fides, le prêtre de la Société des Missions Africaines (SMA) parle de l'eau, essentielle pour tous, mais surtout pour ceux qui l'attendent pour semer, pour étancher leur soif, et comme signe de la Vie Nouvelle du Baptême. "Même en Angola, nous savons ce qu'est la sécheresse ! Il y a la grande sécheresse dans le sud du pays, qui dure depuis des années et qui provoque la pauvreté, la faim et la mort. Et il y a la petite sécheresse qui complique la vie de nos populations."
Hier, je suis allé célébrer la messe dans la communauté de S. Domingos et après la messe, comme on le fait habituellement, j'ai porté la communion à quelques malades dans une zone éloignée du centre où les nouveaux bâtiments alternent avec des cabanes en tôle, quelques champs de manioc ou de maïs et des étendues d'herbe sèche", raconte le missionnaire. Les personnes qui m'accompagnaient regardaient avec un voile de tristesse les tiges de maïs fanées, brûlées par le soleil implacable de cet été austral qui touche à sa fin. Cette année, la soi-disant deuxième saison des pluies est retardée et pourrait ne jamais revenir. En novembre dernier, les premières pluies promettaient abondance et régularité, mais en décembre, plus rien. Maintenant, la saison des pluies passe sans que les cieux n'envoient leur bénédiction et la saison sèche arrive ; si cela continue comme ça, nous ne reverrons probablement la pluie qu'en novembre". Il est vrai que cette zone a un climat plutôt sec et ne se prête pas à une agriculture productive, mais on peut quand même y cultiver quelque chose : du manioc, de la patate douce et même un peu de maïs et de haricots quand il pleut un peu : de quoi fournir un peu de nourriture et amortir les effets néfastes de la crise qui prive de nombreuses personnes de travail et de ressources.
Et en parlant d'eau et de sécheresse", poursuit Fr Frattin, "depuis quelque temps, en Angola aussi, comme en Italie, plusieurs camions d'eau en bouteilles de plastique PET ont commencé à circuler ! Il y a quelques années, il y avait de nombreux vieux camions-citernes recyclés qui prenaient l'eau du fleuve Bengo et l'apportaient aux quartiers et aux maisons. Les camions n'ont pas cessé de circuler et de prendre l'eau de la rivière pour remplir les réservoirs de nombreuses maisons, mais peut-être est-ce parce que l'eau non traitée de la rivière est un certain vecteur de maladies et que les gens en ont pris conscience, ou peut-être qu'un peu de richesse change les habitudes, le fait est que nous nous "modernisons" ici aussi !" souligne-t-il.
"Nous nous habituons à l'eau dite "minérale", avec pour conséquence qu'une partie des maigres ressources des ménages passe dans... l'eau !".
"Dans une région densément peuplée, bordée par deux rivières qui pourraient fournir de l'eau douce à tout le pays, il suffirait d'investir plus et mieux dans les réseaux de distribution d'eau potable, quitte à demander aux gens de payer pour ce service. Il serait certainement moins coûteux que maintenant de disposer d'un peu d'eau pour les besoins quotidiens. Ce n'est pas seulement le budget familial qui en pâtit, mais aussi l'environnement : les bouteilles en plastique ne sont pas recyclées, elles finissent dans les décharges et le long des routes, et peu à peu, écrasées par les voitures, elles forment un trottoir miteux, où les bouteilles sont en bonne compagnie avec d'autres types de plastique, conteneurs, sacs, emballages de toutes sortes.
(LF/AP) (Agence Fides 13/4/2022)


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