Karachi (Agence Fides) - " Il y a une situation politique très embarrassante dans le pays. Je suis désolé de dire que la politique de ces jours-ci est un type de politique égoïste : tous les dirigeants politiques, y compris leurs partis, se concentrent uniquement sur leur propre bien et celui de leurs partis politiques, et non sur le bien de la population du pays. Le Pakistan traverse actuellement une crise grave : pour de l'argent, les membres des partis politiques vendent leur loyauté, pour eux l'argent compte plus, les gens changent d'affiliation politique en choisissant le parti où ils obtiennent le plus d'avantages personnels " : c'est le commentaire fait à l'Agence Fides par le Père Mario Rodrigues, prêtre de l'archidiocèse de Karachi après que le gouvernement du Premier ministre Imran Khan ait dissous l'Assemblée le 3 avril 2022.
Père Mario Rodrigues déclare : "Les hommes politiques ont pour tâche de travailler à la construction de la société, pas seulement à la construction de routes, ils doivent travailler à l'amélioration de la situation des pauvres. Le Pakistan est dans une mauvaise situation économique, la dévaluation de la monnaie est en cours, les prix des produits de première nécessité augmentent, les gens luttent pour survivre".
La crise politique est née d'une "motion de défiance" contre Imran Khan, déposée par les partis politiques d'opposition le 7 mars 2022. Le vote sur la motion est prévu pour le dimanche 3 avril 2022. Ce jour-là, le Premier ministre ne s'est pas présenté au Parlement. Un ministre fédéral a soulevé une objection à la "motion de défiance" et a déclaré qu'elle était contraire à l'article 5 de la Constitution du Pakistan qui stipule "la loyauté envers l'État et l'obéissance à la Constitution". Après avoir entendu le ministre fédéral, le vice-président a rejeté la motion sans demander l'avis de l'opposition. Le Premier ministre s'est adressé à la nation en disant qu'il allait demander au Président de dissoudre l'Assemblée nationale. Le Président a immédiatement dissous l'Assemblée nationale et a convoqué des élections dans 90 jours. Dans une action de protestation, les partis d'opposition, réunis par 195 députés, ont convoqué leur propre session de l'Assemblée nationale et choisi leur propre président. Le Chief Justice a alors pris note de l'incident et a demandé une audience "Suo Moto" pour régulariser la situation institutionnelle.
Le père Bonnie Mendes, l'un des plus anciens prêtres du pays, a déclaré à Fides : " La situation politique au Pakistan est très triste. La Constitution n'est pas respectée. C'est le chaos politique. Dans aucune société, on ne se comporte de la sorte et on désobéit à la loi".
Le prêtre observe : " Les gens sont très déçus et à cause de la mauvaise gestion de la situation. La prétention d'Imran Khan à construire un nouveau Pakistan s'est soldée par un échec".
Tabassum Yousaf, avocat chrétien, responsable de la Communauté de Sant'Egidio dans l'Archidiocèse de Karachi, s'adressant à l'Agence Fides, déclare : " C'est une situation très incertaine, l'intervention de la Haute Cour nous ne savons pas où elle va mener le pays. Les dirigeants politiques offrent un mauvais exemple, ne travaillant pas conformément à la loi et à la Constitution de l'État.
Ashiknaz Khokhar, un militant chrétien des droits de l'homme de Sahiwal, a déclaré : "C'est une situation inquiétante, nous sommes dans un état de confusion, pour une lutte de pouvoir, mais cela compromet l'image du pays". Il a ajouté : "Nous prions pour le bien du Pakistan".
(AG-PA) (Agence Fides 5/4/2022)