Wa (Agence Fides) - " En décembre 2020, alors que je distribuais des repas avec les volontaires, j'ai rencontré Agostino et Mary. Agostino vivait dans la rue, consommait de la cocaïne et de l'alcool. Mary, mariée et mère de trois enfants, était perdue dans la ville et ne se souvenait plus d'où elle venait. Ce sont des situations qui, comme tant d'autres, ne laissent pas beaucoup d'espoir. Mais grâce aux volontaires qui les rencontraient chaque semaine, un lien de confiance s'est créé". C'est ce que rapporte à l'Agence Fides Mgr Richard Kuuia Baawobr, Évêque de Wa, au Ghana, en parlant du projet qu'il a lancé en 2016 en faveur des personnes souffrant de troubles psychiatriques. "L'initiative, lancée dans l'authentique esprit de la charité chrétienne, porte enfin ses premiers fruits", déclare Mgr Richard, "et qui veut aller plus loin, en créant des structures de traitement modernes et en luttant contre la stigmatisation sociale".
Selon les dernières données fournies par l'Organisation mondiale de la santé, sur une population de 31 millions d'habitants, environ 700 000 personnes souffrent d'un trouble mental grave, tandis que 2 autres millions de personnes sont affectées par un trouble mental modéré ou léger. Les services de santé mentale ne sont présents que dans les grandes villes. "Ce sont des hôpitaux qui ont une approche dépassée de la maladie mentale", explique l’Évêque. De nombreuses organisations internationales déconseillent la création de grands centres, en raison du risque que les patients individuels ne reçoivent pas l'attention nécessaire, et préconisent plutôt la création de petits centres répartis sur tout le territoire". À cela s'ajoute la stigmatisation dont sont victimes les personnes handicapées mentales : "Beaucoup sont éloignées de leur famille d'origine, note Mgr Richard, et sont souvent maltraitées, isolées et harcelées.
Afin de répondre, dans l'esprit de l'Évangile, aux besoins de ces personnes vulnérables et " mises au rebut ", Mgr Richard a lancé depuis 2016 un projet impliquant des paroisses, des organisations religieuses, des religieux et des laïcs. Des groupes de bénévoles ont commencé à apporter de la nourriture et des vêtements aux malades mentaux qui vivaient dans la rue. Des médecins et des infirmières étaient également disponibles pour fournir des traitements et des médicaments. Grâce aux dons reçus", rapporte Mgr Baaworb, "nous construisons un centre de réhabilitation où les malades vivant dans la rue peuvent être hébergés. Ils peuvent y recevoir le traitement nécessaire et suivre un processus de réhabilitation et de réintégration dans leur communauté d'origine.
En février 2020, les travaux du Centre d'assistance ont commencé : " La saison des pluies, le confinement dû au Covid, précise le Prélat, ont ralenti et parfois interrompu la construction de l'édifice ". En particulier", souligne-t-il, "il est nécessaire de construire la cuisine et le dortoir, à la fois pour assurer la stabilité de l'approvisionnement en repas et pour garantir l'hébergement de nuit, mais aussi en raison des coûts élevés liés au défrichage du terrain, à l'achat de matériaux, à l'embauche de véhicules et de personnel. Cette structure - poursuit-il - pourrait non seulement desservir le nord du pays, mais aussi bénéficier et accueillir les patients du Burkina Faso voisin".
Le projet prévoit d'impliquer les services de santé du Ghana, qui devraient fournir les médicaments et les conseils nécessaires au retour à la normale des patients. "Il est important que tout le monde travaille ensemble", conclut l’Évêque, "pour éduquer le public sur la santé mentale et la nécessité pour les familles, les communautés et la société d'accepter la maladie et d'aider les patients pendant et après le traitement.
(ES) (Agence Fides 4/9/2021)