ASIE/PAKISTAN - Appel de la société civile en direction du gouvernement du Pendjab en faveur de la liberté religieuse au sein du système éducatif

vendredi, 17 juillet 2020 instruction   minorités religieuses   islam   société civile   ong  

Lahore (Agence Fides) - « Nous demandons au gouvernement de la province du Pendjab de revoir toutes les mesures qui sont clairement en conflit avec le droit à la liberté de religion, garantie par la Constitution du Pakistan aux sens de ses articles 20 et 25 » : telle est la demande formulée par un groupe d'organisations de la société civile pakistanaise, exprimant de sérieuses préoccupations suite aux récents développements concernant le système éducatif dans la province en question.
Dans une déclaration conjointe, la Commission pour les droits des minorités des peuples, le Centre pour la Justice sociale (CSJ), l'Association des enseignants des minorités du Pakistan, la Fondation Cecil e Iris Chaudhry, la Commission nationale Justice et Paix de la Conférence épiscopale du Pakistan et Idara-e-Taleem-o-Aagahi (ITA) déplorent la notification du gouverneur de la province du Pendjab qui a rendu obligatoire l'éducation coranique dans les Universités de la province (voir Fides 19/06/2020).
Peter Jacob, catholique, Président du Center for Social Justice (CSJ) et de la Commission populaire pour les droits des minorités (PMCR), explique : « Selon l'article 20 de la Constitution du Pakistan, tout citoyen a le droit et la liberté de professer, pratiquer et propager sa propre religion. L'article 25 décrète quant à lui l'égalité de tous les citoyens du pays et le droit à l'instruction, n'établissant aucune discrimination fondée sur le sexe ».
Les organisations demandent un curriculum national unique concordé entre les gouvernements fédéral et provinciaux. « Cependant, le gouvernement du Pendjab a pris l'initiative de modifier l'enseignement de la religion au sein du système éducatif dans le mépris total de la liberté religieuse et du respect de la diversité religieuse ».
« Depuis près de 40 ans – indique-t-il – toutes les écoles publiques et la majeure partie des écoles et collèges privés enseignent les « études islamiques » comme matière obligatoire dans toutes les classes ». Il ajoute que « la récitation du texte coranique en arabe est enseignée dans le primaire alors que la lecture du coran dans le secondaire a été rendue obligatoire dans la province depuis 2018 ». Peter Jacob remarque que « dans d'autres matières également, telles que les sciences sociales, l'histoire et les langues, se trouvent de vastes références à la seule religion majoritaire », en violation flagrante de la Constitution.
A.H. Nayyar, chercheur et membre du groupe de travail sur l'éducation inclusive, déclare, dans le cadre d'un entretien accordé à Fides : « L'intégration de contenus religieux a des répercussions sur la quantité et la qualité du parcours éducatif. Un autre développement inquiétant consiste dans un amendement approuvé par l'Assemblée provinciale du Pendjab selon lequel tous les manuels doivent être approuvés par le Conseil des Oulémas plutôt que par les experts en matière d'instruction ».
Baela Raza Jamil, membre clef du groupe de travail sur l'éducation inclusive, explique : « Ces modifications à la législation, promues sans débat public, sont profondément préoccupants et seront socialement source de divisions. Elles minent la liberté d'apprentissage et le sens critique dans le système éducatif pakistanais ». (AG-PA) (Agence Fides 17/07/2020)


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