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Istanbul (Agence Fides) – « Aujourd’hui, vous n’avez pas élu un Patriarche, vous avez élu le premier serviteur de Dieu et du peuple ». Tel est le message clef que l’Archevêque Sahak Masalyan, à peine élu Patriarche arménien apostolique de Constantinople, a voulu adresser aux membres de la communauté arménienne apostolique rencontrés en l’église adjacente au siège du Patriarcat après son élection intervenue hier, 11 décembre. Dans sa brève intervention, le 85ème Patriarche arménien apostolique de Constantinople – qui prendra le nom de Sahak II – a immédiatement souligné que le Patriarcat a besoin de « quelque chose de nouveau », que ses institutions « doivent être rénovées » et que son élection peut représenter « le premier pas » de ce processus de réforme. « Nous avons devant nous un exemple de guide : Jésus-Christ qui a lavé les pieds à Ses disciples, montrant comment être un bon pasteur. Aujourd’hui – a-t-il ajouté - vous n’avez pas élu un Patriarche, vous avez élu le premier serviteur de Dieu et du peuple ». Il a ensuite demandé aux personnes présentes de prier pour lui, ajoutant que l’élection a eu lieu dans la paix, en surmontant problèmes et divisions, « grâce aux prières de milliers de personnes ».
L’Archevêque Sahak Masalyan, ancien Président du Conseil religieux du Patriarcat arménien apostolique de Constantinople, avait été indiqué depuis longtemps comme un candidat fort, en mesure de prévaloir dans le cadre de l’élection patriarcale. Il avait été chargé, en tant que fiduciaire, de coordonner l’ensemble du processus électoral. A la fin du processus électoral, le résultat du scrutin s’était substantiellement réduit de facto à un tête-à-tête entre le nouveau Patriarche et l’Archevêque Aram Ateşyan, locum tenens du Patriarcat au cours des années de maladie de feu le Patriarche Mesrob II Mutafyan.
Le processus électoral en vue du choix du nouveau Patriarche arménien apostolique de Constantinople a été long et caractérisé par des controverses destinées à avoir des conséquences à l’avenir. Déjà en février 2018 (voir Fides 04/04/2018), le bureau du gouverneur d’Istanbul avait annulé le processus déjà lancé s’appuyant sur le fait que le Patriarche arménien apostolique de Constantinople, Mesrob II Mutafyan, même s’il était incapable de remplir sa charge, était toujours vivant et ne pouvait donc pas être remplacé. Plus récemment (voir Fides 30/09/2019), des polémique avaient été provoquées par le décret du Ministère de l’Intérieur turc qui avait réduit le nombre des candidats aux seuls Archevêques résidant en Turquie, excluant l’éventuelle candidature de prélats du Patriarcat résidant à l’étranger. L’organe de presse Agos, publié à Istanbul en arménien et en turc, dédiait à l’élection du Patriarche arménien apostolique de Constantinople un éditorial non privé de passages polémiques quelques heures seulement avant l’élection, relevant que les deux Archevêques Maaalyan et Ateşyan « avaient poursuivi leurs campagnes respectives » sans tenir compte des préoccupations et du malaise exprimés par la communauté locale suite à l’exclusion des candidats résidant hors de Turquie, un modus operandi qui, selon Agos, pourrait avoir au fil du temps des conséquences négatives sur la condition et le cheminement du Patriarcat arménien apostolique de Constantinople. (GV) (Agence Fides 12/12/2019)