Lahore (Agence Fides) – Le gouvernement pakistanais doit prendre des mesures d’urgence afin de mettre un terme à l’usage abusif des lois sur le blasphème : tel est l’appel diffusé par le Centre for Legal Aid, Assistance and Settlement (CLAAS), association chef de file d’un groupe d’organismes et organisations de la société civile qui renouvellent la requête de bloquer l’usage impropre de la loi sur le blasphème, très répandue au Pakistan.
A l’occasion de la Journée mondiale pour les droits fondamentaux du 10 décembre, le gouvernement pakistanais est invité « à donner un nouvel élan à la révision de la loi sur le blasphème qui cause des souffrances indescriptibles aux minorités religieuses et à tous les citoyens pakistanais » affirme une note envoyée à l’Agence Fides.
L’usage impropre de la loi a été révélé au monde au travers du cas d’Asia Bibi, la chrétienne accusée de blasphème en 2009 et condamnée à mort. Après près de neuf années de détention, elle a finalement été acquittée le 31 octobre dernier par la Cour Suprême. Le gouvernement pakistanais gère actuellement le cas et la demande d’asile à des Etats étrangers pour elle et sa famille.
« Nous savons qu’Asia Bibi et sa famille ne seront jamais en sécurité au Pakistan. Selon certains rapports, les extrémistes leur donnent déjà la chasse. Asia Bibi n’aurait pas été la première ou la dernière à quitter le Pakistan suite à des accusations de blasphème. Des centaines de victimes de fausses accusations de ce genre ont été contraintes à fuir parce que le gouvernement n’est pas parvenu à garantir la justice et la sécurité » affirme le CLAAS.
Le Directeur du CLAAS, Nasir Saeed, déclare à Fides : « De nombreuses victimes de fausses accusations de blasphème demeurent en prison pendant des années pour un crime qu’elles n’ont jamais commis. Parmi eux, les chrétiens subissent souvent des violences et des tortures. D’autres sont laissés aux mains de violents qui peuvent détruire leurs propriétés ou les tuer ». « La situation des minorités religieuses est devenue encore plus précaire – indique Nasir Saeed – en ce que les hommes politiques ne veulent pas discuter de la question au Parlement à cause des menaces des extrémistes. Il n’existe aucun avenir pour la justice et la légalité au Pakistan si cette loi n’est pas amendée ».
« La Journée mondiale pour les droits fondamentaux – poursuit-il – devrait rappeler au Pakistan qu’il doit respecter ses obligations en matière de droits fondamentaux sur la base des conventions internationales qu’il a ratifié, apportant les modifications nécessaires à la loi sur le blasphème de manière à en interdire un usage impropre ».
Le militant fait appel à la communauté internationale, invitant les gouvernements des pays occidentaux à « reconsidérer les aides économiques et les accords commerciaux, les soumettant au respect des droits fondamentaux de la part du Pakistan ». « A l’occasion de la Journée mondiale pour les droits fondamentaux, la communauté internationale pourrait envoyer un message clair au Pakistan selon lequel la vie humaine doit être respectée » conclut Nasir Saeed. (PA) (Agence Fides 10/12/2018)