Cáritas Brasil
Boa Vista (Agence Fides) – Les immigrés vénézuéliens connaissent « une réalité cruelle et inhumaine qui requiert des réponses rapides, efficaces et articulées de la part de l’Eglise, de l’Etat et de la société en général ». Tel est l’avis contenu dans la lettre envoyée à l’Agence Fides par la Commission épiscopale chargée du trafic d’êtres humains (CEPEETH) de la Conférence épiscopale du Brésil (CNBB), au terme de la Mission Frontalière Venezuela effectuée du 1er au 4 mars dans les villes de Boa Vista et Pacaraima, au sein de l’Etat de Roraima (voir Fides 01/03/2018).
La lettre, portant la signature du Président de la Commission, S.Exc. Mgr Enemesio Lazzaris, Evêque de Balsas, dénonce des situations préoccupantes, telles que « de longues filles d’immigrés et de réfugiés à la recherche de documentation, de transports, de nourriture et de travail ; des enfants dénutris, malades, privés d’école ; des jeunes au chômage et sans perspectives d’avenir, exposés à tous les types de vulnérabilités ; des femmes victimes de violence, d’exploitation sexuelle et sur le lieu de travail ; des personnes sans scrupule qui exploitent la misère de leurs frères immigrés et réfugiés au travail et altèrent le prix des denrées alimentaires ».
La Commission souligne par ailleurs « le manque de politiques publiques élémentaires liées à la nourriture, à la santé, à l’hygiène, à la sécurité et à l’instruction », exprimant sa profonde indignation en constatant « l’absence et le manque de volonté des pouvoirs constitués en matière de réponses » tout en soulignant avec douleur « combien nous manque de vivre le projet de Dieu qui nous rend tous frères et sœurs ».
Dans cette grave situation également – écrit Mgr Lazzaris dans sa lettre – la Commission a pu relever « de nombreuses initiatives fraternelles et solidaires de particuliers, de familles, de groupes, d’églises et d’institutions de la société civile » ainsi que le soutien des institutions internationales et de l’Eglise locale qui se dédient actuellement au service des immigrés et des réfugiés vénézuéliens de manière prioritaire. Les communautés ecclésiales, dans leurs multiples expressions – Instituts religieux, Paroisses, agrégations de laïcs – promeuvent des activités d’accueil et de soutien au profit des vénézuéliens. Cependant, est nécessaire une action décidée du gouvernement visant à adopter des mesures appropriées permettant de gérer un phénomène migratoire de ces dimensions (voir Fides 16/01, 10 et 14/02/2018).
La CEPEETH a lancé un appel en faveur de l’accueil, de la solidarité et de l’intervention politique articulée au niveau local, de l’Etat et de la Fédération, invitant à sensibiliser et à impliquer au travers du bénévolat. L’appel concerne également une participation effective et généreuse à la campagne de solidarité de la CNBB, la revendication de politiques publiques et la garantie des droits outre la réalisation de campagnes éducatives permanentes concernant l’immigration et le trafic d’êtres humains. « Nous nous engageons fermement dans cette mission afin d’accueillir, de promouvoir et d’intégrer nos frères et sœurs immigrés » conclut la lettre.
L’Etat de Roraima, qui compte 350.000 habitants accueille d’ores et déjà 40.000 vénézuéliens selon les données fournies par le Conseil municipal. On estime que ce chiffre dépassera les 55.000 au cours du mois de juillet prochain. (LMM/LG) (Agence Fides 06/03/2018)