Zamboanga (Agence Fides) – « La prise idéologique du prétendu « Etat islamique » chez les jeunes musulmans philippins ne doit pas être sous-évaluée mais la très grande majorité des musulmans de Mindanao n’appuie pas le prétendu « Etat islamique » et ne désire pas la violence. Les musulmans de Marawi constituent les premières victimes du prétendu « Etat islamique » ». Telle est l’analyse faite pour Fides par le Père Angel Calvo, missionnaire clarétain espagnol présent depuis 40 ans à Mindanao, dans le sud des Philippines, et participant à Zamboanga au Mouvement interreligieux de solidarité pour la paix, qui promeut des programmes d’instruction et de coexistence pacifique entre communautés chrétiennes et musulmanes. Ce matin, un groupe de 300 militants du groupe djihadiste Bangsamoro Islamic Freedom Fighters a attaqué le village de Malagakit, en province de Nord Cotabato, faisant irruption dans une école avant de se retirer avec différents otages suite à la réaction de l’armée.
Mindanao vit dans un climat d’insécurité. Le Père Calvo explique à Fides : « L’action terroriste de Marawi et maintenant l’attaque ayant eu lieu dans le Nord Cotabato ont constitué des surprises. Il s’agit en effet de territoires contrôlés par le Front islamique de libération moro, mouvement qui mène actuellement des négociations avec le gouvernement philippin. Cependant la survie depuis maintenant 26 ans de groupes terroristes tels que celui d’Abu Sayyaf est significative et doit poser quelques questions. Aujourd’hui, la renaissance de l’idéologie radicale, grâce au prétendu « Etat islamique », peut avoir une influence sur les jeunes et rouvrir à Mindanao la plaie de la violence diffuse, notamment grâce à la propagande faite dans certaines écoles coraniques. Le groupe Maute qui a occupé Marawi s’est uni à des membres d’Abu Sayyaf et à d’autres combattants étrangers entraînés en dehors du pays. En sus, le réseau dispose de l’appui de trafiquants de drogue qui garantissent des financements et des armes ». La situation est plutôt complexe, remarque le missionnaire, rappelant d’antiques et de nouvelles revendications : « Certains jeunes djihadistes de Marawi, conditionnés par l’idéologie, ont déclaré être prêts à mourir en combattant. Il est difficile pour l’armée de résoudre une telle situation. Par ailleurs, nous ne savons pas quel sera l’impact psychologique de cette affaire sur la population et il faudra reconstruire Marawi, actuellement en ruines. Une chose peut être considérée comme certaine : les musulmans constituent les premières victimes des djihadistes tout autant que les chrétiens et avec eux. Entre chrétiens et musulmans à Mindanao, il n’existe aucune guerre de religion mais seulement un désir commun de construire la paix et la coexistence ». (PA) (Agence Fides 21/06/2017)