Bujumbura (Agence Fides) – « Nous apprécions le fait que les burundais s’habituent actuellement à renouveler les institutions par le biais des élections. Mais il existe des signaux qui inquiètent quant au déroulement correct et pacifique des prochaines échéances électorales ». Tel est le sens du Message des Evêques du Burundi à propos des élections générales qui se tiendront l’an prochain.
Dans ce document, envoyé à l’Agence Fides, la Conférence épiscopale du Burundi, citant l’Encyclique Centesimus Annus du Saint Pape Jean Paul II, rappelle que l’Eglise « apprécie le système démocratique, comme système qui assure la participation des citoyens aux choix politiques et garantit aux gouvernés la possibilité de choisir et de contrôler leurs gouvernants, ou de les remplacer de manière pacifique lorsque cela s'avère opportun » et souligne que « les élections sont un droit et un devoir pour que chaque citoyen » outre à constituer un moment de vérification de l’œuvre entreprise par les gouvernants sortants.
« Comment se présente la situation actuelle du Burundi » à la veille des élections se demandent les Evêques. La réponse est en demi-teinte. D’un côté, les Evêques se réjouissent du fait que le système démocratique soit entré dans la conscience nationale (« Nous apprécions le fait que les Burundais soient en train de s’habituer à cette voie du renouvellement des institutions au moyen des élections ») et de la feuille de route électorale adoptée par l’ensemble des forces politiques. De l’autre, la Conférence épiscopale fait part de sa préoccupation quant à un certain nombre de signaux inquiétants. En particulier, les Evêques remarquent que « le dialogue et la concertation qui avaient permis la confection de la « Feuille de route » semblent ne plus être une réalité, ce qui amène certains à considérer le processus électoral en cours comme étant monopolisé par une seule tendance ».
« La convocation intempestive dirigée contre des membres de l’opposition devant la justice, semble être une stratégie du pouvoir pour les exclure de la compétition électorale ». Par ailleurs, la division des partis politiques constitue, elle aussi, un signal qui, selon les Evêques, risque de « faire perdre à la compétition électorale son caractère démocratique ».
A cela vient s’ajouter le fait que « nous entrons dans la période électorale dans un climat de peur d’une sécurité fragile » affirme le document, dénonçant « des actes de banditisme et d’assassinat (qui) inquiètent la population ; un langage qui incite à la révolte et à la violence et le fait que des jeunes affiliés aux partis politiques qui semblent déterminés à user de la violence ».
Les Evêques font appel au sens de responsabilité de tous – jeunes, dirigeants, hommes politiques, membres de la Commission électorale indépendante – afin que les élections ne constituent pas un pas en arrière mais un progrès vers la pleine consolidation de la démocratie dans le pays. (L.M.) (Agence Fides 10/12/2014)