Istanbul (Agence Fides) – La Fondation Hrant Dink – créée pour conserver la mémoire et les idéaux du journaliste et écrivain turc d’origine arménienne assassiné en janvier 2007 – a mis en chantier un congrès d’études sur le phénomène des « crypto-arméniens », personnes appartenant au peuple arménien mais s’étant converties à l’islam afin d’échapper aux massacres de 1915. L’initiative sera réalisée en partenariat scientifique avec le département d’histoire de l’Université Bogazici d’Istanbul. Selon des sources turques consultées par l’Agence Fides, le séminaire permettra d’affronter pour la première fois d’une manière sérieuse et impartiale une question délicate aux contours encore mal définis. Différents chercheurs considèrent vérifiable grâce à une enquête historique la conversion à l’islam d’au moins 200.000 arméniens – en majeure partie des femmes et des enfants – qui, à l’époque du « grand mal » auraient ainsi échappé au génocide en déclarant avoir embrassé la religion islamique, bien que souvent, ils aient conservé dans le secret de leur cœur, leur foi chrétienne. Un reflet de cette dynamique se trouve dans le suspect, socialement répandu, et dans les discriminations de fait dont les citoyens turcs d’origine arménienne continuent à faire l’objet dans la vie civile et sociale ordinaire. Des chercheurs d’orientation différente pourront examiner également les effets collatéraux de cette dimension du génocide arménien jusqu’ici inexplorée. Par exemple, il sera possible d’enquêter également sur les réflexes existentiels et psychologiques que le refoulement de la mémoire autour de leurs origines a comporté pour les descendants des arméniens convertis à l’islam, y compris pour les enfants qui, alors, furent adoptés par des familles non arméniennes. (GV) (Agence Fides 05/10/2013)