Alep (Agence Fides) – Un arrêt des fournitures et des marchandises, y compris les denrées alimentaires constituant un véritable « embargo alimentaire » prend actuellement à la gorge la population civile d’Alep. Cet état de fait, qui en est maintenant à son septième jour, a été imposé par les groupes rebelles qui contrôlent la zone nord-est de la ville et menacent maintenant également d’interrompre l’approvisionnement en eau. Les rebelles sont répartis en de nombreux groupes et factions, certains de matrice islamique et djihadiste, comme Jubhat al nosra, Liwaa al tawhid, Aasifat al shimal, Souqqour al shahba et d’autres encore, au sein desquels s’engagent des guérilleros provenant d’Afghanistan, de Libye, du Caucase, des anciennes Républiques soviétiques d’Asie centrale et d’autres pays. La ville demeure divisée en deux, une partie se trouvant sous le contrôle de l’armée – le sud-est – et l’autre sous celui de groupes armés – le nord-est. La cité est devenue un « champ de bataille », ce qui pose de graves problèmes à la population civile de toute ethnie et religion et conduit à la destruction de son précieux patrimoine historique et culturel.
Le Frère Bernard, l’un des cinq franciscains demeurés dans la ville au couvent Saint François, explique à Fides : « La famine menace. Les gens ont peur. Ils sont réduits à la pauvreté et pleurent. Nous faisons tout notre possible afin d’aider les familles et les réfugiés. Les quartiers chrétiens se trouvent exactement entre la zone contrôlée par l’armée et celle contrôlée par les groupes armés. La souffrance de la société civile de toute religion est immense. L’arrêt des arrivées de denrées alimentaires est contraire à tout droit humanitaire de base. La population a même des difficultés à se procurer du pain ».
Les rebelles ont pris le contrôle de la route qui relie Alep à Hama, par le biais de laquelle transite la majeure partie des marchandises destinées à la ville. Dans la zone, de violents affrontements militaires ont eu lieu ces jours derniers. Entre temps, le ravitaillement alimentaire est faible et les prix ont connu une violente augmentation. Les produits végétaux sont introuvables parce qu’il est interdit aux agriculteurs d’entrer dans les quartiers ouest d’Alep. « A Alep, une crise humanitaire s’annonce en cas de poursuite du blocus » prévient le Frère Bernard.
Muhammad M., enseignant à l’Université d’Alep et musulman sunnite, indique à Fides : « les belligérants doivent nous expliquer le motif des meurtres d’innocents et de la destruction des infrastructures civiles. Tout comme la raison d’une bataille dans les zones résidentielles de la ville. Un tel niveau de destruction ne se voyait pas depuis des siècles ». (PA) (Agence Fides 11/07/2013)