Port Moresby (Agence Fides) – Les prêtres doivent être proches des gens, aider le peuple dans le processus de croissance humaine, spirituelle, culturelle, sociale. Ils doivent être les guides de la maturation des consciences mais ne doivent pas descendre directement dans l’arène politique : c’est ce que réaffirment les Evêques de Papouasie Nouvelle Guinée et des Iles Salomon dans une Lettre envoyée à tous les prêtres et qui est parvenue à l’Agence Fides.
La lettre, signée par le Président de la Conférence épiscopale de Papouasie Nouvelle Guinée et des Iles Salomon, S.Exc. Mgr John Ribat, MSC, Archevêque de Port Moresby, constitue un appel éploré à tous les prêtres, qualifiés de « plus proches et plus fiables collaborateurs avec lesquels nous partageons le ministère ordonné », « qui cherchent la sainteté dans l’exercice du Ministère sacré dans le service des autres ».
« Il est de notre devoir – indique le texte – de prêcher la Bonne Nouvelle à notre peuple afin de l’aider à grandir dans la Sainteté et de faire paître le troupeau qui nous a été confié par le Bon Pasteur ».
« Malheureusement, une fois encore, certains de nos frères prêtres ont l’intention de se porter candidats aux élections législatives dans le cadre des élections générales de Papouasie Nouvelle Guinée prévues en 2012. Il s’agit là d’une grande déception pour nous Evêques et pour la majorité de notre peuple catholique. Nous croyons que la majeure partie des prêtres, des religieux et des laïcs partagent notre déception : le choix d’un prêtre d’entrer en politique représente une trahison pour le peuple… comme dans le récit évangélique (Jn 10, 12-13) dans lequel un pasteur abandonne le troupeau qui lui avait été confié ».
Les Evêques reconnaissent l’importance de l’engagement politique : « il est absolument opportun que des laïcs catholiques qualifiés soient directement impliqués dans la politique et cherchent des modalités créatives afin d’appliquer la Doctrine sociale de l’Eglise en vue de la définition des politiques spécifiques promouvant le bien commun ». Toutefois, poursuivent-ils, « recouvrir une charge publique tout comme faire activement campagne en faveur d’un parti politique ou d’un candidat est en contraste avec la vocation au sacerdoce ». Les prêtres en effet « doivent annoncer des principes moraux importants et expliquer la Doctrine sociale catholique à tous, en particulier aux hommes politiques et aux partis politiques, sans suggérer que l’Eglise approuve seulement l’une ou l’autre des nombreuses manières, moralement acceptables, d’organiser le gouvernement ou de chercher à résoudre certaines questions sociales. Le prêtre doit offrir une position claire et éthique sur ce qui est juste et ce qui est erroné, sur la base de la Bonne Nouvelle de Jésus ».
Pour ces motifs, les Evêques rappellent que le Droit canonique défend aux prêtres de se porter candidats à une charge politique (Canon 285). « Il est beau et noble qu’un prêtre écoute le cri des pauvres, désire mettre fin aux injustices et veuille garantir l’accès aux services de base tels que la santé et l’instruction à ceux qui souffrent. Mais un prêtre honnête, laborieux, attentif et dévot, un Bon Pasteur, sait déjà qu’au travers de son appel au Ministère ordonné, il possède l’autorité morale lui permettant d’unir les gens et de provoquer un changement positif au sein de la communauté » poursuit le texte.
Dans la lettre, il est rappelé qu’aucun Evêque de Papouasie ou des Iles Salomon n’a jamais donné ni ne donnera jamais l’autorisation à l’un de ses prêtres d’entrer en politique : tout prêtre qui entrera en politique sera suspendu de l’exercice de son ministère pastoral, mesure qui « s’étendra au moins à deux années après que le prêtre se sera retiré définitivement de la vie politique » ainsi que l’a décidé la Conférence épiscopale qui demande au peuple de Dieu de ne pas encourager les prêtres à entreprendre cette voie mais de trouver des représentants laïcs dignes de cet engagement. (PA) (Agence Fides 26/04/2012)