ASIE/PAKISTAN - Blasphème : nécessité urgente d’un moratoire

samedi, 9 avril 2011

Faisalabad (Agence Fides) – Le nouveau cas du chrétien Arif Masih, victime de fausses accusations de blasphème, relance la proposition d’un moratoire sur l’application de la loi sur le blasphème au Pakistan. C’est ce qu’indique à l’Agence Fides Paul Bhatti, Conseiller spécial du Premier Ministre pour les Affaires des Minorités religieuses, accueillant la proposition qui circule au sein de la société civile pakistanaise et qui trouve actuellement l’appui d’intellectuels, d’éditorialistes et de chercheurs militant en faveur des droits de l’homme.
« Il est urgent de trouver une solution afin d’empêcher les abus de la loi. On peut partir d’un moratoire ou penser à des modifications. Mais il faut également travailler afin de modifier la mentalité et la culture. Il existe au Pakistan des individus et des organisations qui utilisent dette loi pour créer désaccord et tension sociale » remarque Bhatti.
Mehdi Hasan, Président de la Commission pour les Droits de l’Homme du Pakistan, l’une des plus importantes organisations de la nation, affirme à Fides: « Nous sommes fondamentalement favorables à un moratoire sur le blasphème même si notre position officielle est de demander l’abolition de la loi. Rappelons qu’avant 1986, il n’y avait pas au Pakistan de plaintes pour blasphème et qu’après cette date, nous avons eu 1.000 cas en 20 ans alors que 70 personnes accusées de blasphème ont été victimes d’exécutions sommaires ».
Le Père Mario Rodrigues, Directeur des Œuvres pontificales missionnaires au Pakistan, note dans un entretien avec Fides que « la loi sur le blasphème est appelée « loi noire ». Aujourd’hui, ceux qui s’y opposent sont qualifiés de blasphèmes et risquent leur vie. L’idée d’un moratoire concernant son application me voit très favorable : cela servirait au moins à conjurer de nouveau cas construits sur de fausses accusation. Mais je crois que le gouvernement voudra difficilement s’exposer ».
Haroon Barkat Masih, Président de la Masihi Foundation qui fournit assistance légale et matérielle à Asia Bibi, la jeune femme condamnée à mort pour blasphème déclare à Fides : « Le moratoire serait un premier pas pour empêcher à la loi de nuire encore. Le gouvernement pourrait dire d’une part aux groupes radicaux musulmans que la loi demeure en vigueur et réussirait entre temps à en bloquer le mauvais usage et les instrumentalisations ».
Deux propositions concrètes pour éviter les abus de la loi sont celles-ci : confier l’enregistrement des éventuelles plaintes pour blasphème à des fonctionnaires de police de haut rang et rendre compétente pour les procès y afférent la Haute Cour, évitant ainsi les tribunaux de premier degré, trop exposés aux pressions. (PA) (Agence Fides 09/04/2011)


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