Rome (Agence Fides) - L’écho de la révolte populaire qui a contraint à la fuite le Président tunisien, Zine al-Abidine Ben Ali, se propage non seulement en Afrique du nord et au Moyen-Orient mais également en Afrique sub-saharienne. Les commentaires des journaux locaux soulignent que, dans certains pays africains, il existe une situation similaire à celle de la Tunisie : la présence d’un grand nombre de jeunes instruits privés d’emploi. Ceci a été l’un des facteurs décisifs de la révolte tunisienne et constitue un élément qui préoccupe de nombreux gouvernements, pas seulement au Moyen-Orient.
L’Agence catholique congolaise DIA, dans un article intitulé : « La bombe tunisienne, un risque pour Kinshasa » affirme : « La floraison de multiples universités et instituts supérieurs au pays jusque dans des bourgades perdus à l’intérieur du pays… produit chaque année des milliers de diplômés sans avenir professionnel… Des jeunes diplômés ont déclaré que moins du quart trouve de l’emploi lié à sa formation supérieure. Face à cette situation, le gouvernement congolais n’a pas de politique national de l’emploi». L’article ajoute cependant que l’économie informelle, liée aux réseaux familiaux et tribaux, permet aux jeunes de trouver un emploi temporaire en l’attente de mieux.
Le quotidien ougandais The Monitor, dans un article du 19 janvier, fait le parallèle entre la situation en Tunisie et en Ouganda. Selon les données citées par l’article, près de 50% des tunisiens d’âge compris entre 20 et 45 ans disposent d’une instruction universitaire et la Tunisie a l’un des plus hauts taux d’inscription scolaire d’Afrique (92%). Cependant, 46% des jeunes diplômés tunisiens ne trouvent pas d’emploi dans les 18 mois qui suivent la fin de leurs études et le taux de chômage des personnes appartenant à la tranche d’âge 20-30 ans est de 30%.
En Ouganda, selon The Monitor, qui cite un rapport de la Banque Mondiale de 2008, le taux de chômage des jeunes d’âge compris entre 15 et 24 ans est de 83%, l’un des plus élevés au monde. Une situation, ainsi que l’affirme le journal, qui n’a pas changé au cours des deux dernières années. En Ouganda tout comme en Tunisie, le gouvernement a augmenté au cours des 20 dernières années le taux de scolarisation, créant des instituts d’études supérieures. Mais il ne s’est pas efforcé de réduire la corruption et le taux de chômage. Est ainsi venue à se créer une génération de jeunes beaucoup plus instruite que leurs parents qui tolérera difficilement longtemps cette situation, sauf si les politiques économiques et sociales devaient subir un changement décisif. (L.M.) (Agence Fides 20/1/2011)