ASIE/PAKISTAN - Conflit entre le Président et la magistrature sur le cas d’Asia Bibi

mardi, 30 novembre 2010

Lahore (Agence Fides) – Dans le cas d’Asia Bibi, s’est allumé au Pakistan un conflit entre les pouvoirs de l’Etat, en particulier entre le Président et la magistrature. Aujourd’hui, un porte-parole du Président Asif Ali Zardari a répliqué à la note de la Haute Cour de Lahore, revendiquant les prérogatives et les compétences du Président. La Cour, répondant à la pétition d’un certain nombre d’avocats, avait demandé au Président de ne pas prendre en considération la grâce avant la conclusion des trois degrés de jugement. Zardari a répondu que la Haute Cour n’a pas compétence sur ses fonctions et que, selon l’article 45 de la Constitution, le Président peut décider à tout moment d’accorder la grâce. La Cour Suprême du Pakistan, par une note « motu proprio » (c’est-à-dire de sa propre initiative) a confirmé cette interprétation, remarquant que seule la Cour Suprême peut donner des indications contraignantes à l’exécutif ou au Président. Selon des sources de Fides, il semble désormais certain que le procès d’appel se tiendra et que le Président Zardari – bien qu’il subisse des pressions de la part des extrémistes – attendra d’en constater l’évolution et la durée avant d’intervenir par l’intermédiaire d’une éventuelle mesure de grâce. Entre temps, le débat autour du cas d’Asia Bibi se poursuit avec des tons polémiques : certains leaders islamiques radicaux ont déclaré ouvertement qu’ils « pourraient donner l’ordre de la tuer » si elle devait être libérée ou si un tribunal la déclarait innocente. « Une telle position met en sérieux danger la vie d’Asia et de sa famille » commente pour Fides Haroon Barket Masih, chrétien pakistanais qui vit à Londres, et qui est par ailleurs Président de la « Masih Foundation », organisation qui s’occupe de l’aide à la famille et de l’assistance légale à Asia. « Nous assurons une assistance légale gratuite de très haut niveau – remarque-t-il – et nous sommes confiants dans l’issue du nouveau procès et dans une sentence d’acquittement, même si le système juridique est souvent pollué par la corruption. Nous craignons en revanche qu’Asia puisse être tuée par des militants radicaux, y compris durant le procès, comme cela a eu lieu dans d’autres cas de chrétiens jugés pour blasphème ». Dans le cas d’Asia Bibi, « il y a aujourd’hui trop de spéculations, il y a trop de personnages qui cherchent à politiser le cas pour en tirer un avantage personnel » note Haroon Barket Masih. Et il rappelle : « Vu qu’Asia est devenu un symbole et donc un objectif légitime pour les extrémistes, nous serons probablement contraints à la conduire avec sa famille à l’étranger. Nous avons reçu des propositions de la part de l’Amérique et de l’Italie ». (PA) (Agence Fides 30/11/2010)


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