Kampala (Agence Fides) – Les enquêtes relatives au double attentat du 11 juillet dernier dans la capitale ougandaise Kamapala se poursuivent. Ces attentats, qui ont provoqué 76 morts et des centaines de blessés, ont été revendiqués par les Shabab, le groupe intégriste somalien qui s’oppose au Gouvernement de Transition de Mogadiscio soutenu par une force d’intervention africaine, composée en grande partie de soldats ougandais. Les autorités policières ougandaises ont arrêté une quarantaine de personnes, accusées d’avoir pris part aux attentats, et dont beaucoup sont somaliennes. L’Ouganda accueille en effet un certain nombre de réfugiés somaliens et forme sur son sol une partie de l’armée du Gouvernement de Transition de la Somalie. D’après ce que rapporte le quotidien “The Monitor”, on serait en train de découvrir une origine plus complexe et plus alarmante aux attentats du 11 juillet. Le journal cite le rapport de l’intelligence ougandaise de septembre 2009 d’après lequel il y avait un plan pour accomplir des attentats à la bombe à Kampala par des éléments des Allied Democratic Forces (ADF) avec le soutien des Shabab. L’ADF est un groupe formé en 1996 par des intégristes musulmans, qui s’est ensuite uni à un autre groupe de guérilla, la National Army of the Liberation of Uganda. “L’ADF est un groupe faible qui depuis 2001 ne réussit plus à opérer en Ouganda. Ses membres se sont réfugiés depuis longtemps dans l’est de la République Démocratique du Congo. Il me semble improbable qu’ils soient impliqués dans les attentats de Kampala” dit à Fides Son Exc. Mgr Egidio Nkaijanabwo, Évêque de Kasese, le diocèse du sud-ouest de l’Ouganda où l’ADF a opéré il y a quelques années. “De 1996 à 2001, ce groupe a semé l’insécurité dans notre diocèse et l’Église en a souffert. Le groupe se revendique de l’islamisme radical et était soutenu par une puissance étrangère. Par la suite, autour de l’année 2001, l’armée ougandaise a réussi à reprendre le contrôle de la région. Depuis lors, les guérilléros de l’ADF se sont réfugiés au Congo”. L’ADF/NALU, qui est resté quasiment inactif durant des années, a fait parler de lui il y a quelques semaines, lorsque l’armée congolaise a lancé une offensive contre ses bases du nord Kivu. Selon les organisations humanitaires internationales qui travaillent dans la région, les combats ont provoqué la fuite d’environ 90 mille civils. Le rapport de l’intelligence ougandaise cité par “The Monitor” affirme que l’ADF a 800 combattants, “tous musulmans, dont 40% sont des ougandais, le reste sont des congolais, des tanzaniens, des sénégalais, des somaliens et d’autres d’Afrique Occidentale”. Le groupe est mené par Jamil Mukulu, un catholique converti à la religion islamique, qui aurait été blessé dans les derniers jours à l’est du Congo. D’après “the Monitor”, avant les attentats du 11 juillet, l’armée ougandaise avait préparé une attaque contre les bases de l’ADF/NALU au Congo, avec l’appui des congolais et des États Unis. Si ces nouvelles sont confirmées cela délimiterait un scénario complexe où, à l’islamisme radical et à la lutte contre le terrorisme conduite par les États Unis, se superposeront les tensions existant dans la région depuis des dizaines d’années. En fond de tableau restent les immenses richesses congolaise et le pétrole ougandais, dont l’exploitation a été lancée il y a peu. (L.M.) (Agence Fides 29/7/2010 ; 38 lignes, 539 mots)