ASIE/THAÏLANDE - Des “chemises rouges” en prison et des comptes bancaires bloqués : la réconciliation s’éloigne

samedi, 26 juin 2010

Bangkok (Agence Fides) – 435 représentants des “chemises rouges” sont encore en prison ; les comptes bancaires de 83 personnes, suspectées d’avoir soutenu la protestation rouge, ont été bloqués par le gouvernement : plus de deux mois après les manifestations de protestation rouge dans les rues de Bangkok, de telles mesurent montrent à l’évidence que “la réconciliation nationale est encore très lointaine”, note une source catholique de Fides en Thaïlande. La dernière mesure de “blocage financier” a frappé certains parents de l’ex Premier Ministre en exil Thaksin Shinawatra, plus de 23 hommes politiques, 15 entrepreneurs, 17 leaders rouges et 5 militaires à la retraite. D’après les sources de Fides, les manifestations – qui ont provoqué 88 morts et 1 900 blessés – ont alimenté un ressentiment encore très présent dans la société et le gouvernement, malgré ce qui a été annoncé, fait bien peu pour le tempérer. A Bangkok et dans 23 provinces du Nord “l’état d’urgence” est encore en vigueur (étape juste avant la loi martiale), qui donne aux militaires le pouvoir d’arrêter et d’interroger les suspects, de censurer la télévision, la radio et les moyens d’information et d’appliquer d’autres formes de contrôle peu démocratiques. Le gouvernement justifie de telles mesures en invoquant des raisons de “menaces à la sécurité nationale”. C’est ainsi que plus de 1 100 sites internet ont été bloqués, quatre revues Thaksin et de nombreuses télé et radio proches de l’opposition ont été fermées. D’après les observateurs, la “road map” pour la réconciliation, annoncée dernièrement pas le gouvernement – qui prévoit une enquête indépendante sur les violences du mois de mai dernier – risque d’échouer avant même de commencer. “Le gouvernement est en train de violer les droits élémentaires de l’homme”, a dit Krittiya Archavanikul, du Centre pour les Droits de l’Homme de l’Université de Mahidol. Les sources de Fides de la communauté catholique thaïlandaise, qui désapprouvent de telles mesures, remarquent qu’“on devrait au contraire entamer un processus de guérison des blessures de la société. Avec cette politique de répression, la réconciliation s’éloigne. Le gouvernement cherche à réduire l’opposition au silence et cela va contre la démocratie. Les leaders de l’opposition commencent à avoir peur. Beaucoup craignent qu’une réconciliation de façade se construise, qui cacherait en fait une pensée unique et une état policier”. A Bangkok, comme le remarquent les sources de Fides, la situation reste tendue. Des milliers de personnes ont participé, le 22 juin dernier, aux funérailles du général Khattiya Sawasdipol – leader militaire des rouges, tué par un tireur isolé – qui se sont déroulées sous la surveillance d’un important cordon policier. Les élections imminentes dans la capitale constitueront un test sur l’évolution de la situation, affirme la source de Fides : parmi les candidats, il y a un représentant des “chemises rouges” qui, s’il était élu, pourrait poser des problèmes au gouvernement. Et s’il obtenait les faveurs de la population, “cela montrerait que la population n’a pas confiance et désapprouve la politique actuelle de l’exécutif”. (PA) (Agence Fides 26/6/2010 ; 36 lignes, 494 mots)


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