ASIE/CAMBODGE - Fermeture de la frontière avec la Thaïlande : « L'impact se fait sentir sur les gens ordinaires », note le préfet apostolique de Battambang

mardi, 24 juin 2025

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Battambang (Agence Fides) – Le gouvernement cambodgien a confirmé que l’armée thaïlandaise a fermé unilatéralement, dans la nuit du 23 juin, tous les postes-frontières avec le Cambodge. Selon les déclarations de l'armée thaïlandaise, les postes-frontières dans six provinces thaïlandaises à la frontière avec le Cambodge ont été fermés, à quelques exceptions près pour les étudiants ou les personnes suivant un traitement médical. Tout autre type de circulation de personnes ou de véhicules est actuellement interdit.
Cette fermeture n'est que la dernière d'une série de représailles qui se sont intensifiées après l'incident survenu à la frontière le 28 mai, au cours duquel un soldat cambodgien a été tué lors d'affrontements armés dans le « Triangle d'émeraude », une petite zone verte à la frontière entre la Thaïlande, le Cambodge et le Laos. Il s'agit de l'un des nombreux points que la Thaïlande et le Cambodge revendiquent comme faisant partie de leur territoire.
Les deux armées se sont mutuellement accusées d'avoir ouvert le feu en premier. Le 7 juin, l'armée thaïlandaise a temporairement fermé la frontière, puis a réduit ses heures d'ouverture. Le 12 juin, le Cambodge a annoncé la suspension de ses importations d'électricité et a fermé la frontière internationale de Daung, dans la province de Battambang, pour « raisons de sécurité ».
Cette hostilité est liée à une question territoriale : la Thaïlande et le Cambodge sont séparés par une frontière d'environ 820 kilomètres, qui traverse plusieurs zones contestées. « Ce conflit existe depuis plus d'un siècle et remonte à l'époque de l'empire colonial français », explique Mgr Enrique Figaredo, Préfet Apostolique de Battambang, au Cambodge, dans un entretien avec l'Agence Fides. « Les parties en litige se basent sur une carte de 1907, sur laquelle la France, qui a occupé le Cambodge en tant que puissance coloniale jusqu'en 1953, a tracé pour la première fois la frontière entre les deux pays. La Thaïlande soutient que cette carte n'est pas contraignante. Le Cambodge a saisi la Cour internationale de justice afin de déterminer l'appartenance territoriale de quatre zones contestées. La Thaïlande n'est même pas d'accord pour saisir la Cour », souligne le Préfet.
« Il faut noter que cette crise - ajoute-t-il - met en difficulté et cause de graves désagréments à la population. La frontière entre le Cambodge et la Thaïlande est en effet très perméable et il y a des échanges commerciaux intenses et des passages de travailleurs qui la traversent continuellement. Cette fermeture bloque un flux de personnes et de marchandises très développé et nécessaire à la vie sociale, économique et culturelle ». Mgr Figaredo raconte que de nombreuses personnes de la province de Battmbag, le territoire de son évêché, sont concernées par ces flux. « La population locale vit cette situation avec beaucoup de déception, de surprise et de confusion », souligne-t-il. « Il y a également des centaines de personnes déplacées, bloquées de l'autre côté de la frontière et qui ne peuvent pas rentrer chez elles », ajoute-t-il.
Le conflit a ravivé les sentiments nationalistes dans les deux pays. La Thaïlande a interdit aux touristes et aux citoyens thaïlandais de se rendre ou de travailler à Poipet, une ville cambodgienne dont l'économie repose sur la présence de huit casinos fréquentés presque exclusivement par des citoyens thaïlandais. Dans ce contexte, la Thaïlande a également inclus dans le différend avec le Cambodge des mesures de sécurité visant à paralyser les activités criminelles transnationales, comme l'a déclaré le Premier ministre thaïlandais Paetongtarn Shinawatra.
Des mesures contre les centres de fraude ont déjà été prises au début de l'année 2025, lorsque la Thaïlande a coupé l'électricité, l'Internet et l'approvisionnement en carburant dans certaines zones du Myanmar qui abritaient des activités de fraude informatique. La Thaïlande et le Cambodge ont démantelé conjointement un centre de fraude qui hébergeait des centaines de travailleurs étrangers victimes de traite dans la ville de Poipet. Dans toute l'Asie du Sud-Est, la cybercriminalité et les « scam cities » se sont développées, en particulier au Laos, au Cambodge et au Myanmar.
(PA) (Agence Fides 24/6/2025)


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