OCÉANIE/PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE - La guerre tribale ne s'arrête pas : massacres de femmes et d'enfants dans la région de la paroisse de Kanduanum

jeudi, 25 juillet 2024 tribalisme   violence  

Port Moresby (Agence Fides) – Les enfants sont torturés, les femmes violées puis tués et leurs corps jetés dans la rivière. Tel est le dernier bilan macabre de la guerre tribale qui fait rage depuis des mois dans les villages de Papouasie-Nouvelle-Guinée, une nation qui, dans un peu plus d'un mois, accueillera le Pape François pour ce qui sera le plus long voyage apostolique de son pontificat.

Vingt-six morts ont été confirmés. Des femmes et des enfants ont perdu la vie lors d'une série d'attaques dans trois villages situés dans la province d'East Sepik, dans le nord du pays. Il y a quelques mois à peine, une autre série d'attaques entre tribus a dévasté la province d'Enga, au cœur de la nation, où les affrontements sont devenus de plus en plus meurtriers en raison d'une augmentation significative de l'utilisation des armes à feu (voir Fides 26/2/2024).

Dans le passé déjà, le gouvernement national avait multiplié les opérations, militaires et autres, pour endiguer cette violence, sans grand succès. Ces dernières années, les affrontements tribaux ont gagné en intensité : on est passé des simples armes coupantes aux armes automatiques et aux armes à feu. Dans le même temps, la population du pays a plus que doublé depuis 1980, provoquant des tensions accrues pour l'accès aux ressources et aux terres, ravivant les rivalités tribales.

Aujourd'hui, alors que la nation s'apprête à accueillir le Saint-Père, le pays baigne à nouveau dans le sang. Selon les rapports de la police locale, les massacres ont eu lieu à différents moments. Ils ont commencé le 17 juillet et se sont poursuivis pendant plusieurs jours.
Il est à craindre que le bilan de 26 morts soit plus élevé. En effet, ce nombre n'a été calculé que sur la base des corps retrouvés le long de la rivière. Mais, selon les autorités, il pourrait même doubler. Et pas seulement en raison de la présence de plusieurs animaux sauvages carnivores. Les trois villages ont été détruits et les survivants, estimés à deux cents personnes, ont fui dans la forêt. Aujourd'hui, ils sont complètement abandonnés à eux-mêmes.

Comme l'a appris l'Agence Fides, la directrice nationale de Caritas, Mavis Tito, est en dialogue constant avec le diocèse de Wewak pour suivre la situation. Les attaques contre les villages se sont en effet produites dans la zone de la paroisse de Kanduanum : " Il ne s'agit pas d'un cas isolé. Il s'agit d'un conflit entre quatre groupes différents qui s'aggrave de plus en plus".

La police, souligne le directeur de Caritas, "est présente dans la zone. Mais la zone n'est pas facile d'accès et elle est arrivée alors que les violences étaient déjà terminées. Malheureusement, bien qu'il y ait un déploiement de forces de police, le nombre d'agents est insuffisant pour gérer cette situation de plus en plus instable". Et si l'on considère qu'à ce jour, près de dix jours après les attentats, aucune aide n'est parvenue sur place, le risque d'une catastrophe humanitaire est également présent : "Les personnes qui se sont réfugiées dans la forêt n'ont rien. Il n'y a aucune aide d'aucune sorte. Même le centre de soins temporaire n'a pas été approvisionné".

Le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, est également intervenu dans cette affaire, se déclarant "horrifié par la choquante explosion de violence meurtrière en Papouasie-Nouvelle-Guinée, apparemment due à un différend sur la propriété et les droits d'utilisation des terres et des lacs".

Le haut-commissaire des Nations unies a renouvelé son appel aux autorités locales et nationales de Papouasie-Nouvelle-Guinée pour qu'elles "mènent des enquêtes rapides, impartiales et transparentes. J'appelle également les autorités à travailler avec les villages pour comprendre les causes du conflit et prévenir ainsi la répétition de nouvelles violences".

Une violence qui naît pour diverses raisons, comme l'expliquait déjà à Fides le Père Giorgio Licini, missionnaire italien du PIME et secrétaire de la Conférence épiscopale catholique de Papouasie-Nouvelle-Guinée et des Îles Salomon : "Les affrontements entre les populations indigènes, dont certaines ont eu leurs premiers contacts avec le monde extérieur il y a seulement 70 ans, peuvent être dus à diverses raisons, mais ils dépendent avant tout du contrôle du territoire, qui dans leur culture traditionnelle est très ressenti. Ces tensions sont entretenues par les membres des différents groupes qui ont migré vers les villes où ils se sont installés et peuvent donc envoyer des armes ou payer des mercenaires".

Les affrontements, souligne le père Licini, "ont lieu dans des zones reculées de l'intérieur, rurales ou forestières, avec un fort taux d'analphabétisme, caractérisées par un retard culturel et social où, par exemple, les pratiques de sorcellerie et même la chasse aux femmes considérées comme des sorcières sont en vigueur". Dans le passé, la situation de ces groupes était plus stable. Aujourd'hui, avec la mobilité et la mondialisation, tout est plus chaotique. Nous sommes dans une phase de transition entre l'ancienne culture et une nouvelle identité, qui n'est cependant pas encore solide et bien définie". Les raisons de la violence se trouvent donc dans ce processus de transformation culturelle, sociale et économique qui touche l'ensemble de la nation.
(FB) (Agence Fides 24/7/2024)


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