ASIE/PAKISTAN - Plus de 160 inculpés et 9 personnes tués dans le cadre d’exécutions sommaires pour « blasphème » en 2011 - 1.800 jeunes chrétiennes et hindoues converties de force à l’islam

lundi, 16 janvier 2012

Lahore (Agence Fides) – La controversée loi sur le blasphème continue à faire des victimes au Pakistan alors que les minorités religieuses souffrent suite à une montée de l’extrémisme. En 2011, à cause de la loi en question (composée des articles 295b et 295c du Code Pénal), au moins 161 personnes ont été inculpées et 9 tuées dans le cadre d’exécutions sommaires, victimes d’accusations de blasphème. De telles accusations, a déclaré récemment un avocat musulman ayant désiré conserver l’anonymat pour raisons de sécurité, « sont fausses dans 95% des cas ».
Selon un rapport envoyé à l’Agence Fides par l’Asian Human Rights Commission, ONG qui s’occupe des droits humains sur le continent, « le Pakistan n’a pas su garantir le respect des droits humains à son peuple ». La Commission a enregistré en 2011 l’assassinat de 18 défenseurs des droits humains et de 16 journalistes, engagés dans une œuvre de dénonciation des maux sociaux, de la corruption et de l’extrémisme islamique.
L’année 2011 a vu la mort violente de personnalités de premier plan, comme le gouverneur du Pendjab, Salman Taseer, et le Ministre fédéral des Affaires des minorités, Shabhaz Bhatti, « homicides perpétrés par des groupes extrémistes religieux ayant infiltré les forces de l’ordre » note la Commission. « L’Etat a joué un rôle ambigu dans l’apaisement de l’extrémisme religieux et il est resté le spectateur muet de tels homicides » remarque-t-on. « Cette inaptitude du gouvernement – poursuit le texte – a favorisé la conversion forcée à l’Islam de jeunes filles provenant de groupes religieux minoritaires : au total, en 2011, environ 1.800 jeunes hindoues et chrétiennes ont été contraintes à se convertir à l’islam suite à des enlèvements et à des viols ».
Le Rapport, qui fait mention des 161 inculpés et des 9 tués pour « blasphème », indique que « le gouvernement n’a fait aucun progrès en ce qui concerne la loi draconienne sur le blasphème qui a coûté de nombreuses vies ». « Les autorités – affirme le rapport – ont secrètement adopté une attitude paternaliste envers les groupes militants. Les tribunaux ont démontré être amis des militants et des terroristes. Dans de nombreux cas, les terroristes ont été relâchés par les tribunaux sous le prétexte de vices de forme ou procéduraux ». Le texte cite également des centaines de morts pour « délit d’honneur », l’augmentation des violences sectaires à Karachi (1.800 morts en 2011) et au Beluchistan (225 morts et plus de 6.000 disparus).
La Commission critique également l’absence d’une réforme du système judiciaire pénal. L’actuel système de justice pénale coexiste parallèlement avec les lois de la charia : « L’Etat de droit s’est détérioré à cause de ce système » conclut-elle. (PA) (Agence Fides 16/01/2012)


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