ASIE/INDE - Loi sur la violence contre les minorités à l’examen de la société civile avant son examen parlementaire en juillet

vendredi, 27 mai 2011

New Delhi (Agence Fides) – Les organisations pour les droits de l’homme, les communautés religieuses, les associations chrétiennes et musulmanes, les ONG présentes au sein de la société civile indienne disposent d’une semaine (jusqu’au 4 juin) pour lire, examiner et proposer des modifications au « Communal Violence Bill », projet de loi qui entend lutter contre la violence à l’encontre des minorités ethniques et religieuses. La loi, approuvée récemment par le National Advisory Council (NAC), sera ensuite discutée au cours de la session estivale du Parlement, en juillet prochain.
Le texte de loi, indiquent à Fides des sources de la société civile, a causé un vif débat au sein de l’opinion publique indienne : d’un côté, les partis d’opposition, conduits par le parti nationaliste hindou « Bharatiya Janata Party » (BJP), ont lancé une virulente campagne contre la loi la qualifiant de « loi draconienne » qui retire la souveraineté aux Etats nationaux au profit du gouvernement central et « créera des déséquilibres et des tensions » entre les différentes communautés religieuses présentes en Inde, et de laquelle « on abusera facilement ». Le Ministre fédéral chargé du Développement des Ressources humaines, Kapil Sibal, a répondu en affirmant que la coalition au gouvernement, la United Progressive Alliance (UPA), est déterminée à approuver le texte malgré les remontrances de l’opposition : « Nous voulons que les gouvernements des différents Etats indiens ou les particuliers puissent être poursuivis pour le genre d’épisodes intervenus par le passé » a-t-il déclaré, se référant aux massacres contre les musulmans au Gujarat en 2002 ou contre les chrétiens en Orissa en 2008.
La mesure est accueillie favorablement par les organisations chrétiennes et musulmanes ainsi que par des ONG laïques issues de la société civile indienne. A Mumbai, les membres du « All India Secular Forum » se réuniront le 30 mai afin de rédiger les propositions de modification du texte alors que les chrétiens ont lancé un échange d’avis au niveau œcuménique pour se rencontrer à Dehli, au début du mois de juin, afin d’envoyer leurs observations au NAC.
« Le texte est un bon début en ce qui concerne la protection des minorités » déclare à Fides Joseph Dias, responsable du « Catholic Secular Forum » qui participe aux consultations en cours. « Le projet de loi a été modifié plusieurs fois et amendé au cours de ces dernières années, constituant désormais une bonne version. Le gouvernement central doit disposer d’un pouvoir d’intervention en cas de violence diffuse en ce qu’il a été jusqu’à présent handicapé et impuissant pour bloquer de graves épisodes de violence comme en Orissa, au Gujarat et au Karnataka. Le BJP, de son côté s’oppose à la loi parce que jusqu’à présent, il avait eu les mains libres pour couvrir les groupes extrémistes hindous au sein des différents Etats au sein desquels il se trouve aux affaires. En tous cas, l’Autorité nationale instituée par la loi et qui devra en garantir l’application sera fondamentale » conclut Dias. « Même si la population de ce pays attend depuis des siècles une législation sur la vieille question de la violence intercommunautaire, le projet de loi apporte une nouvelle espérance à la nation » remarque le Père Anand Muttungal, porte-parole de l’Eglise en Madhya Pradesh. (PA) (Agence Fides 27/05/2011)


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