Kinshasa (Agence Fides) – On ne peut ignorer les populations des zones de guerre en ne les invitant pas aux négociations visant à résoudre les conflits qui les concernent. C'est le sens de l'appel lancé par un groupe de notables et de chefs traditionnels de la société civile du Sud-Kivu à Mohammed Abdulaziz Saleh Al-Khulaif, ministre d'État du Qatar chargé de la médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo pour résoudre le conflit en cours dans l'est de ce dernier pays.
La médiation du Qatar vise principalement à trouver un accord entre le gouvernement de Kinshasa et les rebelles du M23/AFC (Alliance de la rivière Congo) soutenus par Kigali, tandis que celle des États-Unis se concentre sur la réconciliation entre la RDC et le Rwanda. Un premier résultat a été obtenu avec la signature dans le Bureau ovale de la Maison Blanche d'un accord entre la RDC et le Rwanda (voir Fides 27/6/2025), suivi le 19 juillet par la signature à Doha d'une déclaration de principe entre le gouvernement de Kinshasa et le M23/AFC (voir Fides 21/7/2025), prélude à un accord définitif qui devait être conclu à la mi-août. Cet accord n'a toutefois pas encore été conclu (voir Fides 19/8/2025).
Le 14 août, le Qatar avait présenté une proposition d'accord de paix global qui a toutefois suscité plusieurs perplexités parmi les auteurs de la pétition car, selon eux, le texte contient des clauses qui mettent en péril « le respect de la souveraineté, de l'indépendance, de l'unité et de l'intégrité territoriale de la RDC ».
Parmi celles-ci figure l'article 8, relatif à la création d'une force spéciale intérimaire pour la « région touchée ». Selon eux, cette disposition est profondément problématique. Notamment parce que le point (a) stipule : « La force spéciale intérimaire exercera ses fonctions conformément à un mandat temporaire de cinq ans, renouvelable si nécessaire ».
« Par conséquent, poursuit le document reçu par l'Agence Fides, il semble dangereux pour l'intégrité territoriale de la RDC de confier le mandat de protection et de défense du territoire à toute institution autre que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ». « Conformément à la Constitution de notre pays, la défense de l'ensemble du territoire, mission souveraine par excellence, relève de la souveraineté de l'État central ».
Enfin, la pétition souligne qu'« il semble logique que la société civile des « régions touchées » soit invitée aux négociations de Doha, qui ont un impact profond sur notre présent et notre avenir. Que la communauté internationale ne répète pas les erreurs du passé. Tirons les leçons des tragédies qui se déroulent sous nos yeux en Ukraine et en Palestine ».(LM) (Agence Fides 1/10/2025)