ASIE/CORÉE DU SUD - A l'heure où les ponts sont coupés avec le Nord, les catholiques continuent d'espérer la paix et la réconciliation

mercredi, 9 octobre 2024 evangélisation   paix  

Séoul (Agence Fides) - La Corée du Nord est en train de couper l'accès routier et ferroviaire à la Corée du Sud afin de « séparer complètement » les deux pays. L'armée nord-coréenne a déclaré qu'elle procédait à « l'isolement et au blocage permanent de la frontière sud», en renforçant les fortifications comme « mesure d'autodéfense pour empêcher la guerre ». De tels signes de fermeture - à valeur hautement symbolique - caractérisent un moment historique où les tensions entre les Corées ont atteint leur plus haut niveau au cours des dernières années. La société du Sud semble également affectée et « le désir de réunification diminue », affirme Peter Soon-Taick Chung, Archevêque de Séoul et Administrateur Apostolique de Pyongyang, dans un entretien avec l'agence Fides, en disséquant la question des relations Nord-Sud. « Je pense que de nombreux jeunes du Sud commencent à penser que la réconciliation ou la réunification ne sont pas des voies viables. L'espoir diminue », note-t-il. C'est pourquoi, ajoute-t-il, « je pense qu'il convient de rêver à l'image de la coexistence dans la paix et de continuer à allumer la lumière de l'espoir dans la société coréenne, surtout aujourd'hui, dans l'impasse actuelle, avec le blocage complet des communications, la situation est très sombre ». Ainsi, ajoute-t-il, « notre mission consiste à poursuivre la prière et l'éducation pour la paix : l'Église continue de se demander ce qui peut et doit être fait pour la paix ». « Nous approchons du Jubilé, qui a pour thème l'espérance : nous sommes des pèlerins de l'espérance également en ce qui concerne les relations avec le Nord », remarque-t-il.
Simon Kim Ju-young, évêque de Chuncheon et président de la Commission épiscopale pour la réconciliation, constate avec amertume que « les deux parties se regardent avec une certaine animosité, et toutes les voies sont fermées, même celle de l'aide humanitaire qui, dans le passé, restait ouverte ». Et si, sur les politiques à adopter vis-à-vis du Nord, l'opinion publique coréenne est encore assez divisée, sur l'opportunité d'envoyer de l'aide humanitaire en Corée du Nord, tous les Coréens sont d'accord. Mais la Corée du Nord garde tous les canaux fermés, même le canal humanitaire ».
Cette attitude, selon des observateurs politiques intentionnels, a également une autre raison : dans le contexte international actuel, marqué par des guerres également en Europe et au Moyen-Orient, le marché des armes a grimpé en flèche et la Corée du Nord fait partie des nations qui vendent du matériel provenant de son arsenal de guerre. Ce secteur sert de moteur à l'économie nord-coréenne, qui est ainsi moins dépendante et a moins besoin d'aide extérieure.
En cette période de fermeture, « nous prions avant tout pour que les portes s'ouvrent ». Tous les fidèles de l'Église en Corée s'associent à cette prière. Par exemple, dans certains diocèses, les fidèles se réunissent à neuf heures du soir pour demander à Dieu la réconciliation et la paix. À Séoul, une messe est célébrée chaque semaine à cette intention et dans mon diocèse de Chuncheon, le 25 de chaque mois, nous célébrons une prière spéciale », explique l'évêque Simon Kim Ju-young.
Dans tous les diocèses de Corée, il existe la Commission diocésaine pour la réconciliation et l'unification du peuple coréen, au sein de laquelle des prêtres religieux, des religieuses et des laïcs se réunissent « pour parler de la paix et continuer à sensibiliser au sujet de la paix, avec des initiatives adressées aux fidèles catholiques mais aussi aux non-catholiques », rappelle-t-il.
L'abbé bénédictin Blasio Park Hyun-dong, OSB, administrateur apostolique de l'abbaye territoriale de Tokwon, dans la province nord-coréenne de Hamkyongnam, propose une autre façon de procéder, presque un « exercice d'accueil » : aujourd'hui, le bâtiment de l'abbaye de Tokwon est utilisé comme université d'agriculture. En raison de la guerre de Corée, les moines et moniales bénédictins ont fui le Nord en 1952 et ont fondé un nouveau monastère à Waegwan, en Corée du Sud. Aujourd'hui, l'abbé de Waegwan, qui est également administrateur apostolique de l'abbaye territoriale de Tokwon, note : « Nous pouvons continuer à faire preuve d'une solidarité et d'un accueil concrets à l'égard des réfugiés qui parviennent à arriver au Sud en provenance du Nord. En tant que communautés religieuses, nous faisons de notre mieux pour aider ces réfugiés, à tous les niveaux. Ainsi, même si la réunification est encore loin, il s'agit pour nous d'une sorte de préparation à la coexistence, qui permet de maintenir l'espoir d'une réconciliation ».
Pour évoquer les relations directes avec le Nord, il faut remonter dans le temps et les évêques rappellent qu'en décembre 2015, la Commission de réconciliation au sein de la Conférence épiscopale s'est rendue à Pyongyang pour rencontrer la communauté catholique locale et célébrer une messe dans l'église de Changchung. « À cette occasion, se souvient Simon Kim Ju-young, prêtre à l'époque, nous avons dit aux fidèles locaux qu'à neuf heures du soir, chaque jour, les catholiques sud-coréens priaient pour la réconciliation. Nous leur avons demandé de se joindre à cette prière et ils nous ont assuré qu'ils le feraient ». Il a ajouté : « Je me souviens de leurs visages et de leurs paroles. Il s'agissait de personnes qui confessaient être chrétiennes et je sentais dans mon cœur qu'elles le disaient avec la sincérité du cœur et l'authenticité de l'Esprit Saint. Aujourd'hui, en écoutant les récits des réfugiés, même si nous n'avons pas de nouvelles de l'autre côté de la frontière, nous nourrissons l'espoir que les croyants en Christ sont toujours là. Nous espérons pouvoir un jour nous réunir et prier à nouveau ensemble ». (PA) (Agence Fides 9/10/2024)


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