AFRIQUE/SOUDAN SUD - L’Évêque Carlassare à l'hôpital : "Je pardonne à mes agresseurs" ; les premières arrestations ont lieu

mardi, 27 avril 2021 evêques   violence  

Rumbek (Agence Fides) - " L'attaque contre l’Évêque élu Carlassare a fortement affecté la communauté soudanaise, tant catholique que non catholique. Nous espérons que les responsables seront arrêtés et répondront de leurs actes. Malgré la violence que nous avons connue ces dernières années, c'est un fait marquant. Jamais auparavant il n'y a eu une attaque d'un tel niveau dans la hiérarchie catholique". C'est ainsi que Sœur Paola Balatti, Combonienne travaillant au Sud-Soudan, exprime l'amertume et les craintes ressenties au Sud-Soudan au lendemain de l'attaque contre l’Évêque élu du diocèse de Rumbek, Christian Carlassare, dans une interview accordée à l'Agence Fides. L'évêque a été transporté à l'hôpital de Nairobi, au Kenya, et se remet de blessures par balle infligées à ses jambes par deux hommes armés qui l'ont attaqué la nuit dernière, dans une embuscade qui a les contours d'une intimidation et d'un avertissement de nature criminelle.
Alors que le ministre de l'information et de la communication, William Kocji Kerjok, a condamné l'attaque, la police a arrêté 24 personnes dans la capitale de l'État des lacs, Rumbek, soupçonnées d'avoir un lien avec l'attaque. En réalité, nous ne savons pas qui l'a fait", a déclaré le religieux combonien. "Les autorités locales vont enquêter sur cette affaire. C'est la deuxième fois qu'un religieux catholique est attaqué dans l'État des Lacs. En 2018, un jésuite a été abattu de nuit dans le comté de Cueibet".
Dans ses premières déclarations aux microphones de "Eye Radio", une station de radio locale, l’Évêque Carlassare a déclaré qu'il ne nourrissait aucune rancœur, a prononcé des paroles de pardon et a demandé des prières pour le Sud-Soudan : "Je sais que des gens souffrent plus que moi en ce moment pour ce qui s'est passé. Rumbek mérite beaucoup mieux que ça. Je pardonne donc de tout mon cœur à celui qui a commis cette action". Se rappelant l'embuscade et la rencontre avec les assaillants, Carlassare a déclaré : "J'ai essayé de leur parler, mais ils ont armé leur arme et m'ont tiré dans la jambe. Puis ils ont fui. Ils n'étaient pas là pour me voler ou me tuer car ils m'auraient tué facilement".
Mais pourquoi ont-ils frappé Mgr Christian Carlassare ? Les agresseurs, explique un confrère de l’Évêque qui demande à rester anonyme, "n'ont rien volé, ce qui signifie que le but de la visite n'était pas le vol. Nous pensons qu'ils voulaient l'effrayer pour qu'il quitte Rumbek. Nous sommes convaincus qu'il existe des groupes qui ne veulent pas d'un évêque étranger, mais d'un Dinka, l'ethnie majoritaire de la région. Et il conclut : "Nous ne savons pas s'il y a des membres de l'Eglise complices de cette action ou s'il y a des personnes liées au pouvoir local. Ce qui est certain, c'est que le haut niveau de tribalisme présent dans les comtés du sud du Soudan considère un Évêque étranger comme une menace".
(EC) (Agence Fides 27/4/2021)


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