AFRIQUE/R.D. CONGO - "Arrêtez de tuer" : l'appel des Évêques pour mettre fin aux violences dans l'est du pays

Kinshasa (Agence Fides) - " Depuis plus de deux décennies, l'Est de notre pays est ravagé par des conflits armés et une insécurité récurrente qui causent la mort, la désolation et le déplacement des populations. Malheureusement, tous nos appels n'ont pas encore trouvé d'échos significatifs auprès des populations concernées ", indique un message du Comité permanent de la Conférence épiscopale de la République démocratique du Congo (CENCO) envoyé à l'Agence Fides.
"Pour manifester notre proximité affective et effective avec nos frères et sœurs blessés et victimes de cette tragédie, une délégation d’Évêques de l'Association des conférences épiscopales d'Afrique centrale (ACEAC) et de la Conférence Épiscopale nationale du Congo (CENCO) a effectué une mission pastorale dans l'Est du pays, en particulier dans les diocèses de Goma, Butembo-Beni et Bunia, du 14 au 26 janvier". (voir Fides 30/1/2021). "Au cours de cette mission, les Évêques ont prié avec la population et se sont entretenus avec des représentants de différentes couches de la société", rappelle le message.
Au cours de la session ordinaire du Comité permanent qui s'est tenue à Kinshasa du 22 au 25 février 2021, les Évêques congolais, " vu l'importance des informations reçues ", ont envisagé " la possibilité d'adresser un appel au chef de l'État et de rendre publique une communication spéciale sur nos constats et recommandations dans l'espoir d'obtenir une large mobilisation pour lutter contre les causes profondes de cette insécurité ".
La violence des groupes armés agissant pour occuper des terres, exploiter illégalement des ressources naturelles, s'enrichir injustement et islamiser la région en dépit de la liberté religieuse, a endeuillé des familles, provoqué des déplacements massifs de population et causé d'importantes pertes matérielles, portant ainsi atteinte à l'économie d'une région qui constitue le grenier du pays. Les victimes se comptent par milliers : plus de 6 000 morts à Beni depuis 2013 et plus de 2 000 dans la seule ville de Bunia en 2020. Il y a également au moins 3 millions de personnes déplacées et quelque 7 500 personnes enlevées.
"A cela s'ajoute l'incendie de plusieurs maisons et villages, la destruction et la fermeture d'écoles et de centres de santé, le pillage de bâtiments administratifs, le pillage d'animaux, de champs et de récoltes, etc.". Les auteurs sont souvent des groupes armés et des miliciens, dont certains véhiculent une idéologie proche du "satanisme", dénoncent les Évêques.
La même situation de précarité et d'insécurité qui caractérise le Nord-Kivu et l'Ituri se retrouve au Sud-Kivu, où, pour cette raison, "une autre mission d'écoute et de réconfort sera envoyée dans les prochains mois".
"La CENCO reste engagée à soutenir le processus de consolidation de la paix et de cohésion sociale. En vertu de notre mission pastorale, nous travaillerons, à l'intérieur et à l'extérieur, à consolider la fraternité entre les peuples et les communautés, afin que les adversaires s'engagent à prendre part au chemin ensemble", conclut le message. (L.M.) (Agence Fides 9/4/2021)

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