AFRIQUE/MALI - « La destruction des mausolées de Tombouctou est considérée comme un crime par une partie des maliens »

Bamako (Agence Fides) – « Tous, des autorités politiques et gouvernementales aux simples citoyens, condamnent la destruction des mausolées de Tombouctou » déclare à l’Agence Fides le Père Edmond Dembele, Secrétaire de la Conférence épiscopale du Mali. Les groupes islamiques qui contrôlent Tombouctou, dans le nord du Mali, ont détruit un certain nombre de mausolées et de tombes de saints islamiques.
« Il ne s’agit pas d’édifices qui sont adorés, comme l’affirment les islamistes, mais de monuments historiques qui rappellent une partie de l’histoire de cette région. Leur destruction est considérée par tous comme un crime. En outre, ces monuments ont un rôle fondamental dans la promotion du tourisme au Mali. Au dommage historique et artistique vient donc s’ajouter un dommage économique » affirme le Père Dembele.
Les destructions sont l’œuvre du groupe islamiste Ansar al Dine qui, avec Al Qaeda dans le Maghreb islamique (AQMI), contrôle une bonne partie du nord du Mali après avoir chassé les indépendantistes du Mouvement national pour l’Indépendance de l’Azawad (MNLA). Ces derniers ont demandé le soutien de la communauté internationale afin de combattre contre les islamistes.
« Cet appel arrive un peu tard dans la mesure où les islamistes ont occupé le terrain et il ne sera pas facile de le récupérer » commente le Père Dembele. « Il est vrai que le MNLA a l’avantage de connaître le terrain mais AQMI et les autres groupes se sont bien positionnés ».
Mais comment s’explique la faiblesse du MNLA face à AQMI ou à Ansar el Dine ? « Je peux avancer deux hypothèses », répond le Père Dembele. « Ou bien la force du MNLA a été surestimée (au départ, il semblait que ses forces provenaient de Libye et étaient bien armées et aguerries), ou bien les forces d’AQMI et d’Ansar el Dine ont été sous-estimées ». « Les islamistes – poursuit-il – ont été aidés par des éléments provenant d’autres pays de la région qui leur ont permis de surclasser le MNLA. Ce dernier perd actuellement l’appui de la population du nord d’une part parce qu’elle le considère responsable d’avoir créé les conditions ayant permis l’arrivée des islamistes, en chassant l’armée nationale et d’autre part, parce que de nombreux habitants du nord du Mali ne veulent pas entendre parler de l’indépendance de la région de l’Azawad. Pour le moment, au sein de la population, certains préfèrent soutenir les islamistes contre le MNLA parce qu’ils ne veulent pas l’indépendance du nord du Mali. Mais ces personnes ne se rendent pas compte du danger que représentent les islamistes qui veulent étendre la charia à l’ensemble du Mali ».
« Le MNLA, qui soutient l’indépendance du nord du Mali, perd actuellement du terrain – conclut le Père Dembele – et donc en théorie le pays est en mesure de retrouver son unité territoriale mais le danger représenté par les islamistes est encore sous-estimé, même s’il commence à être perçu. La destruction des mausolées de Tombouctou constitue un signal alarmant qui vient s’ajouter aux limitations apportées aux libertés des populations se trouvant dans les zones contrôlées par les islamistes. Là, il n’est plus possible de regarder la télévision, d’écouter de la musique ou de fumer ». (L.M.) (Agence Fides 02/07/2012)