AMERIQUE/PEROU - Trafic d’enfants dans la forêt péruvienne, une tragédie méconnue

jeudi, 10 mai 2012

Madre de Dios (Agence Fides) – On estime que 212 enfants ont été victimes du trafic d’êtres humains au cours des deux premiers mois de cette année dans la région de la forêt de Madre de Dios, dans le sud-est du Pérou où, depuis longtemps, sévit « la fièvre de l’or ». C’est ce qu’a dénoncé Oscar Guadalupe, Directeur de l’Association Huarayo, remarquant toutefois que ce chiffre pourrait être réduit en ce moment du fait des opérations de police maintenant plus fréquentes.
Oscar Guadalupe a fait ces déclarations dans le cadre de la présentation du livre « Trafic d’êtres humains dans la région de Madre de Dios » promu par différentes organisations (ONG). Le texte met en évidence que le manque de présence de l’Etat a permis la montée en puissance d’activités illégales dans une région où sont extraites 20 tonnes d’or par an.
Il existe peu d’informations sur le trafic d’êtres humains à Madre de Dios et aucune donnée officielle n’est disponible pour différents motifs, en particulier le manque de plaintes et l’éloignement des zones dans lesquelles se trouvent les mines où ont lieu de tels abus dans des maisons de tolérance caractérisées par de très mauvaises conditions sanitaires.
Selon les informations recueillies par l’Agence Fides et les données de la police de Madre de Dios, citées dans le livre, de mai à décembre 2010, ont été enregistrés 17 cas de traite dont 11 avaient pour objet l’exploitation sexuelle et 6 le travail forcé. Le livre fait en outre état du fait qu’au plan national, 59% des cas de trafic d’êtres humains concernent l’exploitation sexuelle, 30% le travail forcé, 10% la mendicité et 0,40% la vente des personnes selon les informations de juillet 2011 diffusées par le Ministère de l’Intérieur et citées dans le livre.
Selon le député Alberto Beingolea, qui a participé à la présentation du volume, le délit de trafic d’êtres humains « n’est pas suffisamment connu » au sein de la société et l’on devrait faire davantage pour « chercher à le prévenir, au travers de la correcte application de la loi pénale et d’une action concrète en faveur des victimes ». L’an dernier, 111 enfants de moins de 18 ans ont été accueillis dans un logement temporaire de l’Association Huarayo dans la ville de Mazuko, point de passage obligé pour rejoindre les mines de la zone. On s’aperçut dans ce cadre que 59 d’entre eux étaient victimes de trafic d’êtres humains. Guadalupe a également insisté sur le cas des enfants des adolescentes qui se prostituent dans les zones minières, les décrivant comme des « victimes invisibles » de l’extraction d’or.
Huarayo est une Association civile à but non lucratif spécialisée dans l’enfance et le développement à Madre de Dios (en Amazonie péruvienne), fondée en 1998. Ses buts sont la promotion et le développement global de l’enfance en Amazonie, la participation active des enfants et des adolescents à la défense et à la diffusion de leurs droits et la lutte contre l’exploitation des enfants dans les zones aurifères. (CE) (Agence Fides 10/05/2012)


Partager: